Pendant une dizaine de jours, le site Philips de Dreux, qui produit des téléviseurs LCD, mais qui est promis à une prochaine fermeture, a vécu à l'heure de Lip, ressuscitant la notion de production sous contrôle ouvrier. Lors d'une assemblée générale tenue le 15 janvier, les 147 ouvriers, cadres et ingénieurs qui avaient lancé cette action inédite en France depuis les années 1970, ont néanmoins accepté de suspendre leur action. La veille, le DRH du site avait convaincu des caristes, sur lesquels planait une menace de faute grave, de permettre le chargement d'une partie des palettes de téléviseurs jusqu'ici tenues sous clé. Ce, après avoir fait constater la situation dans l'usine par un huissier en début de semaine.

L'action a démarré le 5 janvier dernier, après une AG des salariés sur ce site qui compte 217 personnes. « L'idée est venue des travailleurs eux-mêmes, indique Emmanuel Georget, délégué CGT. Alors que la direction a l'intention de transférer la production en Hongrie, ils voulaient démontrer qu'il était possible de continuer à fabriquer ici des produits rentables. »

Le service d'approvisionnement avait fait rentrer suffisamment de pièces pour permettre l'assemblage de plus de 5 000 téléviseurs ; 147 salariés ont donc organisé la production et le stockage des téléviseurs, alors que le site ne tourne plus qu'en horaires réduits de 5 h 30 à 12 h 30.

La fermeture de l'usine de Dreux a été annoncée le 22 septembre dernier, la direction dénonçant une perte d'un million d'euros par mois sur ce site. Deux réunions de CCE et de comité d'établissement sur le livre IV et le livre III ont été tenues ; la prochaine aura lieu le 28 janvier à Suresnes, au siège français du constructeur.