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Enquête

Le plan d'action de 2007 inscrit dans un accord

Enquête | publié le : 19.01.2010 |

L'accord relatif à l'évaluation et à la prévention du stress professionnel devrait permettre de généraliser les mesures prises à la suite d'une vague de suicides, il y a trois ans.

On chercherait en vain, dans l'accord signé le 12 octobre dernier chez PSA, la présence de nouveaux outils ou préconisations en matière de prévention du stress professionnel. Paraphé par l'ensemble des organisations syndicales à l'exception de la CGT, le texte transcrit, en la généralisant, la politique mise en oeuvre par PSA à la suite des six suicides qui avaient endeuillé l'entreprise en 2007. « PSA avait jusqu'alors concentré ses démarches de prévention sur la pénibilité physique du travail, explique Pierre-Olivier Salmon, responsable de la communication sociale. C'est en 2007 que l'entreprise a véritablement pris conscience que l'organisation du travail elle-même pouvait être source de stress. »

Stress trop élevé

Réalisé dans la foulée par le cabinet Stimulus sur trois sites pilotes (Sochaux, Mulhouse et Vélizy), un audit avait révélé qu'un salarié de PSA sur cinq était « dans un état de stress trop élevé ». Certaines catégories de population, ouvriers polyvalents et femmes en fabrication, notamment, avaient été jugées particulièrement fragilisées. Se référant à l'ANI sur le stress au travail du 2 juillet 2008, le nouvel accord étend à l'ensemble des établissements du groupe cette méthode spécifique d'évaluation. Nommée DESSP (dispositif d'évaluation et de suivi du stress professionnel), elle sera mise en oeuvre lors des visites médicales périodiques, sur la base de questionnaires remplis par les salariés volontaires, et traitée par Stimulus. « L'inscription de ce suivi dans le temps permettra de déceler rapidement des situations à risque survenant au sein d'un site ou d'une équipe, » souligne Pierre-Olivier Salmon.

L'accord entend également renforcer les mesures d'écoute et d'aide individualisée : formation spécifique des managers, boîtes aux lettres «harcèlement» à disposition des salariés souhaitant déposer une plainte, numéro vert permettant d'être mis en relation avec un psychologue ou encore possibilité d'un recours exceptionnel auprès de la fonction RH en cas de difficultés avec la hiérarchie. Les signataires prévoient, également, le déploiement de plans d'action collectifs élaborés par la direction, les médecins du travail et les représentants du personnel en fonction des facteurs de risques et des difficultés identifiés. Créées en 2007 afin de déceler les «éléments d'alerte» ou «signaux faibles», les cellules de veille locales sont également maintenues.

Manque de temps

« Les causes du stress professionnel ne sont pourtant plus un secret pour personne. Invariablement, on retrouve : le manque de temps, largement pointé dans l'enquête de 2007 par l'ensemble des catégories professionnelles ; la répétitivité des tâches et l'absence d'espaces de convivialité, relève Bruno Lemerle, responsable de la CGT sur le site de Sochaux. L'accord reste centré sur la mesure du stress, mais ne propose rien de concret pour s'attaquer à ces difficultés. C'est une coquille vide. » Le responsable syndical se montre particulièrement indigné par la référence explicite, dans le premier chapitre du texte, au «lean management», méthode qui cherche à « éradiquer les formes de pénibilité contraires à un fonctionnement efficace et serein ». « Toutes les études qui ont traité la question, en particulier celle du ministère du Travail de 2007, ont conclu que le «lean» était l'organisation la plus néfaste à la santé des salariés, explique Bruno Lemerle. C'est un comble ! »

Un premier pas

Signataire, la CFDT se réjouit, de son côté, de l'existence d'un accord : « Toutes les mesures de lutte contre le stress, jusqu'à présent, avaient été prises par PSA sans aucune concertation avec les syndicats, explique Ricardo Madeira, délégué central CFDT. Cet accord est un premier pas : il nous appartient, désormais, de le faire évoluer. »

Les parties signataires ont en effet convenu de se revoir tous les trois ans pour réaliser un bilan et prévoir les mesures d'ajustement nécessaires par voie d'avenant. A cette occasion, le choix du cabinet Stimulus, critiqué par les syndicats, qui lui reprochent une approche trop individuelle de la question du stress, pourra, notamment, être réexaminé. Autre source de satisfaction pour la CFDT : l'extension, non prévue initialement, de l'accord au-delà des frontières françaises. « PSA met en place des organisations du travail unifiées, quel que soit le pays où l'entreprise est implantée, souligne Ricardo Madeira. Il n'y a aucune raison pour que les salariés français soient les seuls à être stressés ! »

PSA PEUGEOT CITROËN

• Activité : automobile.

• Effectifs : 200 000 salariés.

• Chiffre d'affaires 2008 : 54,35 milliards d'euros.