Un peu partout dans le monde, la nécessité de réduire les coûts semble induire une pression particulière sur les salaires des travailleurs peu qualifiés. Cependant, des institutions particulières peuvent, dans tel ou tel pays, modifier à la marge cette réponse.

Dans la logique bureaucratique, qui est une tradition en France, le Smic, déterminé à un niveau centralisé par décision politique en fonction de l'inflation et de la croissance des salaires, permet de résister à la tendance des marchés vers le creusement des inégalités salariales. Son niveau relativement élevé par rapport à ce qui est pratiqué dans d'autres pays a cependant entraîné, entre autres, la disparition de certains emplois non qualifiés, l'accroissement du taux de chômage et une pression accrue pour renforcer la productivité du travail peu qualifié. Et ce, d'autant plus que la faible implantation locale des syndicats ne vient pas ou peu contrebalancer les exigences patronales.

Sous la direction d'Eve Caroli, professeure à l'université Paris-ouest-Nanterre-La Défense, et de Jérôme Gautié, professeur à Paris-1Panthéon-Sorbonne, une équipe de chercheurs en économie et en sociologie présente au plus près, secteur par secteur, les caractéristiques de l'exception française. Sont ainsi répertoriées les principales activités pourvoyeuses d'emplois peu qualifiés : l'agroalimentaire, l'hôpital, l'hôtellerie, la grande distribution, les centres d'appels et l'intérim.

Un tableau au vitriol qui conduit à se demander si les travailleurs français sont bien les privilégiés que l'on a si souvent tendance à stigmatiser. P. R.