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Les pratiques

Un attelage à trois contre les TMS

Les pratiques | publié le : 12.01.2010 |

En Picardie, la Cram, l'Aract et le service de santé au travail Médisis mènent ensemble, depuis 2007, un programme de formation-action sur les TMS qu'ils proposent à des PME exposées à ce risque.

«La prise de conscience a été spectaculaire. En deux ans, le taux de maladies professionnelles a chuté de 13 % à 9 %, en 2009. » Marie-Pierre Ollivier, chef d'établissement du vépéciste Senior & Cie (groupe 3 Suisses), est intarissable au sujet des efforts portés sur les conditions de travail. Les 50 travées de l'atelier de logistique, basé dans l'Oise, ont été réaménagées pour permettre aux opératrices qui prélèvent et emballent, chaque jour, 15 000 articles textiles, de s'épargner des gestes usants et de mieux faire circuler leur chariot dans cette «mini-ville» de 10 000 m2. L'effectif (270 salariés, dont 200 en production) est essentiellement féminin. La moyenne d'âge dépasse les 40 ans, souvent avec plus de vingt ans d'ancienneté. « Notre plan d'action n'est pas achevé », prévient la directrice. En particulier, le projet de révision du système informatique qui supervise l'enlèvement des articles. « A terme, nous voulons gagner 20 % de productivité supplémentaire, sans que les salariés en souffrent. »

Observation des contraintes

Comme six autres entreprises du département, Senior & Cie a participé à un programme de prévention des TMS proposé conjointement, dès 2007, par le service de santé au travail Médisis, le Cestp-Aract et la Cram Picardie. Ces intervenants devaient aider les entreprises à constituer une cartographie des risques, à animer des groupes de travail de salariés concernés et à filmer les situations de travail, pour n'envisager de corrections qu'en fonction des contraintes observées. Globalement, chaque entreprise a mobilisé plus de vingt jours, sur neuf mois. L'opération a été reconduite l'année suivante pour six entreprises. Un troisième groupe doit démarrer dès ce mois de janvier 2010.

Le ticket d'entrée, de 1 000 euros, donne lieu à six jours de formation collective (ouverts à des binômes dirigeant et salarié pilote), ainsi qu'à trois jours d'accompagnement individuel. « Ces entreprises ont toutes, au départ, des taux de maladies professionnelles élevés », rappelle Jean-Jacques Verdebout, ingénieur-conseil à la Cram. Il concède que l'action n'a été décisive que dans une entreprise sur deux, mais la juge fructueuse, « car les médecins du travail utilisent nos outils dans les entreprises qu'ils visitent ». « Nous avons conçu notre formation en réarticulant des modules existants », complète Pascal Seuron, intervenant en prévention des risques professionnels (IPRP), hygiéniste du travail chez Médisis. « Par exemple, il n'existait pas d'outils de dépistage des risques TMS pour l'ensemble du corps. Le nôtre analyse les tensions sur le cou, le rachis et les membres supérieurs. »

Questionnaire de santé

Autre innovation : le questionnaire de santé (questionnaire INRS allégé), administré par le médecin du travail à tous les salariés exposés, intègre le critère du ressenti. Pour Laurent Caron, chargé de mission Aract, l'attelage des trois organismes est inédit : « L'Aract a apporté son regard sur l'organisation et les risques psychosociaux ; la Cram l'a fait sur les matériels et les tensions biomécaniques, tandis que Médisis a qualifié les populations et posé des indicateurs de santé. » Cette combinaison de compétences était indispensable, assure la Cram, qui rappelle que les contraintes biomécaniques ne sont « qu'une des causes » des TMS.