On aura beau dire et beau faire, parler de la santé et de l'activité des jeunes retraités, les regarder comme une cible de consommateurs de plus en plus intéressante, voire les envier parce qu'ils disposent enfin de temps pour faire ce qu'ils veulent, les retraités restent une population, peu ou prou, stigmatisée dans un monde où l'identité coïncide toujours plus étroitement avec l'activité professionnelle. Comme si, lorsqu'on n'a plus de travail - quand bien même on garderait du pouvoir d'achat -, on n'était plus qu'un demi-citoyen.

Comment les retraités, pourtant souvent soulagés de pouvoir vivre enfin à leur rythme, n'intérioriseraient-ils pas ce regard dépréciateur de la société ? Comment ne pas se considérer comme mort à demi, dès lors qu'on entre symboliquement dans le clan des vieux ? Et même si l'hypocrisie sociale s'empresse d'ajouter que les sexagénaires fringants « ne font pas leur âge », n'est-ce pas parce que l'âge est un problème et que la mise à la retraite sonne le commencement de la fin ?

Franklin Berrebi, en superactif qu'il a toujours été, n'a pas accepté cette fatalité des catégories sociales et s'est obstiné à remplir son agenda de ce qu'il s'estimait devoir continuer de faire pour les autres, pour ne pas compromettre son couple et pour conserver intacte l'estime de lui-même. Un récit à la première personne dans lequel l'effectif de plus en plus pléthorique des retraités ou préretraités devrait se reconnaître mais qui vient aussi interroger tout un chacun, même les plus jeunes, sur le sens du travail.

Franklin Berrebi a effectué l'essentiel de sa carrière chez L'Oréal. Il est bénévole à l'incubateur de l'Ecole centrale de Paris et réalise des missions de conseil.