logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les pratiques

Italie Accord pour un contrat de travail de père en fils

Les pratiques | publié le : 22.12.2009 |

L'accord d'une banque romaine, permettant à des préretraités de renoncer à certains avantages contre l'embauche d'un membre de la famille, fait des envieux. Si le document est inédit, la pratique existe dans d'autres établissements du pays.

En Italie, où un quart des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage, s'assurer d'un emploi en CDI est une opportunité de plus en plus rare. D'où l'intérêt suscité par l'initiative de la Banca di credito cooperativo, BCC, qui vient de dévoiler un plan prévoyant l'embauche d'un membre de la famille (jusqu'au 3e degré de parenté) pour un départ en préretraite. Cet accord inédit, signé avec les syndicats de la branche, va permettre à 76 salariés romains de la banque d'opter pour une de ces deux solutions : partir avec tous les avantages prévus ; ou renoncer à une partie d'entre eux, comme le prolongement des cotisations à une assurance santé et à un fonds de retraite complémentaire privé, entièrement à charge de la banque ; en échange, un fils, un neveu, une nièce ou un petit-fils pourra être embauché.

Transparence

« Il ne s'agit pas de népotisme, déclare le responsable des relations extérieures, Francesco Burelli. L'accord stipule que les candidats doivent posséder au minimum un diplôme de fin d'études secondaires et qu'ils seront soumis, comme tous les autres, à des entretiens. Nous voulons être transparents en présentant le plan aux syndicats et en obtenant leur signature, alors que, dans notre pays, le système de transmission de poste de père en fils est une pratique tacite. »

C'est que l'accord fait des envieux dans le pays. Au point que la Fiba, fédération bancaire de la CISL, ne juge « pas souhaitable de transformer en cas médiatique la possibilité donnée aux salariés de cette banque ». « Ces pratiques seraient intolérables dans le service public, juge le sociologue du travail Aris Accornero. Mais elles ne me paraissent pas négatives dans ce cas, et elles ont été très souvent appliquées, par le passé, notamment dans l'industrie textile, où le personnel était composé en grande partie de femmes. La différence, c'est qu'elles n'ont jamais fait l'objet d'un accord signé par des syndicats. » Ces pratiques seraient, d'autre part, peu susceptibles d'être frappées de recours pour motif de discrimination, dans la mesure où celle-ci ne s'analyse qu'au regard du sexe, de la religion ou de l'origine.

La banque, née dans le giron de l'Eglise, peut donc encourager, par ce biais, les départs en préretraite pour rajeunir son personnel, mais elle dit aussi respecter sa « philosophie d'entreprise », caractérisée par un esprit de solidarité envers les familles des salariés.

Une autre banque, fondée en 1472 à Sienne (Toscane), Monte Paschi di Sienna, cultive aussi cet «esprit de famille» depuis plusieurs décennies. Ainsi, l'aîné d'un foyer dont un des parents est décédé alors qu'il était en fonction a automatiquement le droit d'être embauché, une fois atteint l'âge de la majorité. Même sans diplôme. « Et même s'il était âgé de 3 mois au moment du décès de son père ou de sa mère », précise Alessandro Faienza, responsable du service du développement des ressources humaines.

Accès privilégié

Par ailleurs, depuis une dizaine d'années, tous les trois ans environ, un concours est organisé pour donner un accès à l'emploi aux enfants de salariés qui partent à la retraite ou en préretraite, mais aussi aux jeunes de moins de 28 ans qui résident depuis au moins un an dans les provinces de Sienne et de Grossetto. « Nous nous réservons le droit de les intégrer dans une filiale hors de la Toscane, mais nous tenons à démontrer notre attachement au territoire et à notre personnel, explique Alessandro Faienza. Il s'agit d'un véritable concours ; cependant, nous n'exigeons pas de diplôme particulier, contrairement aux autres recrutements. »

En 2008, 400 candidats ont été reçus. Tous travaillent désormais dans une des filiales de Monte Paschi di Sienna et perçoivent un salaire net de 1 300 euros sur treize mois. De quoi renforcer le sentiment d'appartenance à l'entreprise.