logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

Des bureaux partagés pour plus d'efficacité

Enquête | publié le : 22.12.2009 |

Engagé dans un vaste programme visant à repenser sa façon de travailler, le constructeur automobile s'est penché sur son espace de travail. Les bureaux non affectés sont ensuite allés de soi.

Pas question, chez Renault, d'évoquer les bureaux non affectés sans les mettre en perspective avec la vaste politique de rationalisation et de flexibilisation opérée par le constructeur automobile : « Car cette démarche, initiée il y a quatre ans environ, n'a pas qu'un seul fondement économique, mais elle repose, plus largement, sur une recherche d'efficacité de notre façon de travailler », précise d'emblée Valérie Cohen, chargée du projet à la direction des services à l'entreprise. Même si l'aspect immobilier compte bel et bien.

La démarche a donc commencé par le recensement des biens et des taux d'occupation des locaux. « A un instant T, il s'est avéré que seuls 60 % des postes de travail étaient employés. » En parallèle, les responsables de Renault ont constaté que l'entreprise n'avait guère intégré les évolutions de certaines façons de travailler, impulsées, notamment, par l'introduction des nouvelles technologies. Un accord de télétravail, la mise en place d'équipements individuels performants, des formations ad hoc..., et le thème des bureaux partagés s'est ensuite imposé naturellement, selon Valérie Cohen. Surtout pour ce qui concerne l'emploi tertiaire (et, évidemment, les populations nomades), soit 60 000 postes de travail au total dans le groupe.

Expérimentation

Mais « on ne décrète pas du jour au lendemain la mise en place de bureaux partagés », avance-t-elle. La voie de l'expérimentation a donc été choisie. Le site pilote ? La filiale des Pays-Bas. Démarrée en 2006, l'opération consistant à rapprocher physiquement les directions financière et commerciale s'est achevée mi 2008 avec l'inauguration de la nouvelle organisation. Entre ces deux dates, la gestion du changement s'est opérée en mode projet. « Chacune des directions a, pour commencer, nommé un directeur de projet entouré de responsables RH, informatique, communication et implantations. Ils ont ensuite sollicité les salariés (50 % de l'effectif) pour participer à des groupes de travail. Le propos étant de balayer toutes les problématiques suscitées par ces aménagements : archivage, espaces de travail, outils informatiques... Avec un postulat : la rationalisation sans la réduction du nombre de m2 par personne », commente la chargée de projet.

Déshumanisation

A l'arrivée, certaines craintes ont dû être levées, notamment celle portant sur la déshumanisation des espaces de travail dès lors dépersonnalisés. Exhiber les photos de la petite famille, les cartes postales des collègues ou les posters n'a plus lieu d'être. A la place, on trouve des éléments collectifs de décor et des espaces plus clairs et plus agréables, selon la direction. Par ailleurs, « comme le bureau peut être partagé, il convient de laisser le plan de travail libre une fois qu'on le quitte. Cette notion de clean desk doit être animée pour être appliquée dans le temps », explique Valérie Cohen. De l'anecdotique pour les syndicats, qui déplorent une dégradation des conditions de travail. « Les espaces ouverts posent des problèmes d'acoustique et de confidentialité. De plus, les salariés se sentent dépossédés et le lien social est mis à mal », soulève Fred Dijoux, délégué central CFDT, qui avoue avoir, aujourd'hui, d'autres sujets de préoccupation comme, notamment, le plan de départs volontaires lancé en juillet dernier.

Trois étages vidés

Aujourd'hui, ce pôle hollandais est regroupé dans un même bâtiment et trois étages ont été vidés. Depuis, d'autres directions ont suivi cet exemple. La direction commerciale du Plessis-Robinson, la direction marketing de Boulogne-Billancourt, la filiale espagnole... Chacune, comptant en moyenne 200 salariés, a désigné son équipe projet, objectivé son taux de présence, monté ses groupes de travail et, in fine, configuré son espace entre bureaux attribués pour les sédentaires, bureaux partagés pour les nomades, boquettes (petites salles de réunion) et, parfois, quiet room pour les salariés qui souhaitent se mettre ponctuellement à l'écart. Autant d'expériences sur lesquelles la direction capitalise pour continuer à déployer son réaménagement.

En cette fin d'année 2009, Renault recense 2 000 postes de travail en moins, 20 millions d'euros économisés par an et 300 télétravailleurs.

RENAULT SAS

• Activité : construction automobile.

• Effectifs : 37 200 salariés (groupe 122 350 salariés).

• Chiffre d'affaires 2008 : 37,791 milliards d'euros.