La syndicalisation en France est l'une des plus faibles en Europe, alors même que la représentativité irréfragable reconnue aux cinq principales confédérations a permis à la France de revendiquer un taux exceptionnel de couverture conventionnelle de ses salariés. Mais, paradoxe, et ce n'est pas le seul, le taux de syndicalisation est très faible dans l'Hexagone, même pour des populations qui devraient, a priori, avoir le plus besoin d'être défendues : les femmes, les précaires, les ouvriers...

A côté de ces constats qui valent pour tous les syndicats, la représentation d'une politisation des syndicats peut jouer auprès de certains comme frein à l'adhésion. La CGT en a certainement largement pâti lorsqu'elle était présentée comme une émanation du parti communiste.

Une équipe de sociologues du laboratoire Georges-Friedmann, sous la direction de Françoise Piotet, passe en revue la crise du syndicalisme à la CGT en rapport avec l'évolution des secteurs professionnels, et met en lumière la variété des pratiques, en fonction des fédérations, concernant, notamment, l'indépendance vis-à-vis des engagements politiques, la surreprésentation du secteur public et des grandes entreprises par rapport au secteur privé et aux PME et la compatibilité entre le fait de faire carrière dans l'entreprise et le militantisme syndical. Un portrait parfois étonnant où l'on apprend que la CGT est une organisation très décentralisée et que ses structures prennent des libertés vis-à-vis de leur direction. Au lendemain du congrès de la CGT, l'ouvrage peut permettre d'éclaircir ses nouvelles orientations.

Françoise Piotet est professeure de sociologie à Paris-1 où elle dirige l'Institut des sciences sociales du travail et le laboratoire Georges-Friedmann.