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Faire l'éléphant

Enjeux | Chronique de Meryem Le Saget | publié le : 15.12.2009 |

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Faire l'éléphant

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Chacun aimerait être spontané et vivre comme il l'entend, sans se prendre la tête à cause des autres. Mais, qui est seul sur son île ? Si l'on n'y prend pas garde, on peut vite faire l'éléphant dans le magasin de porcelaine. Un peu d'égards et de maturité dans ses actes ne nuisent pas à la bonne entente générale. Explorons.

On ne part jamais d'une page blanche. Quand on arrive dans une situation, un groupe de travail, et encore plus lorsque l'on rejoint une nouvelle équipe, il y a déjà un historique : des discussions, des succès et des échecs, des habitudes, bref, un vécu. Soi-même également, on porte une histoire et des attentes, qui rendent plus ou moins disponible ou fermé, selon les cas. Gommer cette réalité serait stupide et inconséquent. Comme cette personne qui arrive en retard en réunion et s'adresse aux autres sans écouter ni essayer de comprendre dans quel terrain elle met les pieds... Elle peut facilement faire quelques boulettes et gêner ou heurter ses interlocuteurs.

Davantage d'attention aux autres dans l'environnement de travail serait souvent souhaitable. Les cas d'inattention sont légion : ce collaborateur qui raconte à ses collègues ses superbes vacances au soleil juste dans le bureau de celui qui n'a pas pu partir. Ou celui qui revient enthousiaste de ce passionnant groupe de travail alors que seuls quelques privilégiés y étaient conviés. La spontanéité est louable, certes, mais se demande-t-on seulement si le lieu, le moment et l'audience sont appropriés pour ce que l'on veut partager ?

Lorsque l'on veut piloter ses projets avec le maximum de chances de succès, à un moment ou un autre, il faut tenir compte du contexte et du tissu relationnel en présence : où en sont les parties prenantes les unes par rapport aux autres ; y a-t-il, en ce moment, des tensions ou des espoirs déçus, des blessures fraîches ou anciennes ? Quels sont les jeux d'influence, les loyautés invisibles, les alliances récentes ? Certes, sous prétexte de rester naturel, chacun peut se comporter à sa guise dans n'importe quel environnement, mais à une seule condition : faire preuve de beaucoup de respect, de politesse et d'éducation. Reconnaissons-le, ce ne sont pas les qualités les plus répandues. Opter pour le plan B est donc plus réaliste : s'octroyer un instant de recul pour écouter les personnes et sentir l'atmosphère autour de soi avant de foncer dans l'action. Même les conférenciers apprennent à faire cet exercice avant de se lancer dans leur sujet. Si un conférencier peut le faire devant une audience de plusieurs centaines de personnes, chacun peut bien y parvenir devant quelques collègues !

Le contre-exemple ? C'est ce collaborateur ou ce manager qui entre en trombe dans le bureau en posant sa question, sans prêter attention aux personnes en présence et aux conversations en cours. Tout se brise, bien évidemment. Il est peut-être pressé, passionné, super-actif et plein de bonnes intentions, il vient néanmoins de se comporter comme un éléphant. C'est juste ce que l'on ne veut plus.

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. <www.lesaget.com>