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Les pratiques

Les sources de pénibilité traquées en Alsace

Les pratiques | publié le : 17.11.2009 |

Traduire la pénibilité dans des situations concrètes et définir les priorités communes entre partenaires sociaux pour la traiter : ces deux objectifs sous-tendent l'outil que la délégation régionale de l'Anact vient d'expérimenter en Alsace.

Ciblée vers les PME et mise en oeuvre par Actal, la représentation régionale de l'Anact, l'initiative de la création d'un outil de mesure de la pénibilité revient à la CFDT. Le syndicat souhaitait « sortir des débats théoriques et agir directement sur les conditions de travail sans construire d'usines à gaz. De ce point de vue, le pari est gagné ».

Quatre familles de contraintes

L'outil se caractérise, en effet, par sa rapidité d'exécution : ses quatre phases ne dépassent guère, en cumul, une journée. « Ce qui signifie, a contrario, que nous ne prétendons pas à une analyse approfondie des postes de travail. Il s'agit, ici, de trouver un accord direction/ syndicats sur des priorités à l'échelle collective, sans répondre à des cas individuels », précise Jean-Luc Boehrer, directeur d'Actal. Les axes d'amélioration doivent se dégager par recoupement des points de vue, selon le principe de l'entonnoir. Pour commencer, un questionnaire type permet de cartographier sur un tableau la pénibilité relative de 21 situations de travail à partir des réponses d'un manager de proximité, de façon à dégager des priorités. Les situations sont classées en quatre familles de contraintes : physiques, mentales, horaires et environnementales (bruit, vibrations, exposition aux poussières, etc.).

Ensuite, un consultant d'Actal rencontre séparément direction/cadres et salariés/représentants du personnel, pendant une heure chacun, pour « libérer la parole ». Chaque groupe est invité à exprimer les trois principales sources de pénibilité qu'il identifie spontanément, sachant qu'il n'a pas la connaissance préalable des réponses au questionnaire. La concordance entre l'analyse des deux groupes d'une part, avec la cartographie initiale d'autre part, est rarement parfaite.

Une visite pour un contact «physique»

Le consultant poursuit par une visite de l'entreprise. « Le contact «physique» permet d'appréhender l'impact de certains éléments difficilement exprimables sur le papier, comme le bruit ou l'odeur de solvants », souligne Jean-Luc Boehrer. Enfin, le compte rendu sonne à la fois la fin de mission de l'outil et le coup d'envoi de l'action concrète dans l'entreprise, si celle-ci le souhaite.

Une «convention d'intervention» garantit la confidentialité des données et la neutralité de l'outil vis-à-vis de l'inspection du travail, qui n'a pas accès aux résultats.

Selon le témoignage anonyme d'un fournisseur automobile (250 salariés), l'initiative a abouti à réaliser une étude ergonomique fine et, très concrètement, à revoir les instruments de serrage de pièces et à s'équiper de tables élévatrices mieux adaptées aux positions de travail, à partir de constats de postures contraignantes et de vibrations imputables à des outils manuels.

Lent déploiement

Actal et la CFDT partagent, toutefois, un regret : la lenteur du déploiement. La phase d'expérimentation achevée auprès d'une dizaine d'entreprises, l'outil tourne au ralenti depuis quelques semaines. « Nous pensions aller plus vite, reconnaît Jean-Luc Boehrer. Mais la crise a sans doute fait passer avant d'autres priorités. »