E & C : La fondation Novartis, dont vous êtes le délégué général, présente, ce 17 novembre, une formation intitulée «Manager la vulnérabilité». De quoi s'agit-il ?

T. C. : La formation consiste en un module de deux jours et se destine aux managers qui ont à gérer des collaborateurs malades ou aidants (des proches malades, NDLR). Elle comprend des apports juridiques, thérapeutiques, des mises en situation, et permet aux managers d'identifier et de faire face à ces cas auxquels ils ne sont pas habitués.

E & C : Comment se traduit cette vulnérabilité des salariés malades ou aidants ?

T. C. : Elle peut se caractériser par une priorisation de la vie personnelle, des demandes d'absence, d'aménagement d'horaires... Les managers doivent être en mesure de repérer ces situations. C'est d'autant plus difficile si on ne sait pas y faire face, car on a alors tendance à les occulter. Il s'agit, par ailleurs, d'un sujet sensible et intime, en ce qu'il renvoie le manager à ses propres représentations de la maladie. Enfin, celui-ci se trouve en première ligne, contraint de gérer l'exigence de performance collective et la nécessaire prise en compte d'une situation personnelle délicate. A ce titre, les jeux de rôles que propose la formation isolent des moments clés, comme l'annonce de la maladie, ou le retour au travail, par exemple.

E & C : En quoi cet accompagnement est-il aujourd'hui devenu nécessaire ?

T. C. : La Fondation Novartis est engagée depuis dix ans dans le domaine de l'entourage des personnes malades. Or, aujourd'hui, 3,5 millions d'aidants familiaux sont des actifs. D'autre part, la survenance de maladies comme les cancers pourrait doubler en dix ans, et un des corrolaires de la réforme des retraites est l'allongement de la vie professionnelle, ce qui va renforcer ce besoin d'accompagnement de la vulnérabilité par les managers.