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Les pratiques

Spicers France fait de la santé une question d'employabilité

Les pratiques | publié le : 03.11.2009 |

Confrontée à un phénomène d'usure au travail, la PME de 380 salariés a intégré la préservation de la santé dans sa démarche de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.

Chez le grossiste en fournitures de bureau Spicers France, la prolongation prévisible de la vie professionnelle suscite un certain embarras. « 95 % des salariés qui travaillent dans nos entrepôts, soit un tiers de notre effectif, sont des magasiniers soumis à des contraintes physiques importantes, explique Jérôme Davenas, DRH. Il est pratiquement impossible de reclasser un salarié trop âgé pour porter des charges lourdes ou déclaré inapte. » En outre, du fait d'une échelle hiérarchique extrêmement réduite, les perspectives d'évolution professionnelle sont très minces.

Une approche plus complète

Alors que Spicers France met en place, en 2007, sa première démarche de GPEC (accord non signé par la CGT, unique syndicat de l'entreprise), décision est prise d'intégrer dans le texte un volet «santé». « La préservation de la santé, au moins autant que celle des compétences, est, en effet, une question d'employabilité », souligne Jérôme Davenas, qui commande, alors, à l'organisme qui animait jusqu'à présent les formations «gestes et postures», une approche plus complète.

Rebaptisé «Capital Santé» par Spicers France, «Cap Santé», le module mis en place par le cabinet Id'Quation, est construit autour de l'apprentissage de techniques simples de levée des tensions musculaires et de règles d'économie posturale, auquel s'ajoutent des notions de prévention du stress. « Il ne s'agit pas d'ajouter une nouvelle procédure à celles qui existent déjà, mais de responsabiliser et de faire prendre conscience à chacun que la marge de manoeuvre concernant son bien-être est beaucoup plus importante qu'il ne l'imagine », explique Yannick Bertin, ostéopathe et directeur du département santé chez Id'Quation.

Préalable essentiel : former le manager

Trois jours durant, les managers sont les premiers à être formés. « Nous oeuvrons à un changement de culture, la formation du management est donc un préalable essentiel, explique Yannick Bertin. Combien de salariés se retrouvent à faire les exercices d'échauffement ou de relaxation prescrits par leur médecin dans les toilettes, par crainte du regard des autres, et en particulier de celui de leur manager ? » A ce jour, les deux tiers des magasiniers ont également été formés, grâce à un module de deux jours.

« Dans la mesure où il s'agit d'apprendre à soulager les tensions avant que la douleur ou l'accident ne survienne, les effets de la démarche ne seront réellement visibles que sur le long terme », explique Jérôme Davenas, qui note, cependant, une réduction des «bobos» dus à un déficit de vigilance des magasiniers la nuit (la majorité d'entre eux travaillant en horaires décalés, tôt le matin ou tard le soir).

Action emblématique de l'approche Id'Quation : chaque personne - magasinier ou visiteur - entrant dans un entrepôt est désormais tenue de revêtir un gilet jaune. « Au premier degré, ça ne sert à rien, souligne Jérôme Davenas. Mais, symboliquement, le message est clair : à partir de maintenant, vous êtes responsables et tenus d'adapter votre comportement ! »