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Les pratiques

Etats-Unis Le Massachusetts, laboratoire de la réforme de la santé

Les pratiques | publié le : 03.11.2009 |

La réforme de la santé n'est pas une nouveauté pour le Massachusetts. Depuis trois ans, cet Etat expérimente une couverture santé presque universelle.

A Washington, les experts du brûlant dossier de l'assurance santé s'intéressent de près à l'expérience menée depuis trois ans dans l'Etat du Massachusetts. La loi, entérinée en 2006 par une majorité d'élus démocrates et le gouverneur républicain Mitt Romney, a, en effet, transformé cet Etat de la côte Est en laboratoire de la réforme. Aujourd'hui, les nombreux universitaires de Boston, spécialistes de l'assurance santé, se félicitent des progrès réalisés.

Seulement 2,6 % de non-asssurés

Avant la réforme, « 14 % des habitants du Massachusetts n'avaient pas d'assurance, souligne Michael Doonan, professeur de l'école Heller à l'université Brandeis. Aujourd'hui, seulement 2,6 % en sont privés. Notre système marche beaucoup mieux que ceux qui existent dans tous les autres Etats américains. » Et ce, grâce aux efforts conjugués de l'Etat du Massachusetts et des entreprises de plus de 10 personnes, sommées d'offrir une assurance à leurs salariés.

Une contribution «juste et raisonnable»

Les ressortissants rémunérés jusqu'à 15 000 dollars par an, ce qui est le seuil de pauvreté, sont totalement pris en charge par l'Etat. Et pour ceux qui gagnent jusqu'à trois fois ce seuil, des aides publiques sont allouées. Ces «carottes» ont permis à 439 000 personnes de passer dans le camp des assurés sociaux. Pour les salariés trop rémunérés pour être subventionnés, l'Etat joue, en revanche, du bâton des pénalités. Les personnes qui ont créé leur propre emploi sont menacées d'une amende de près de 1 000 dollars par an si elles ne s'assurent pas. Et les entreprises de plus de 10 salariés sont priées de payer pour chacun des leurs une « contribution juste et raisonnable », égale à un minimum de 33 % de la cotisation d'assurance privée. Sinon, l'amende est de 295 dollars, par personne et par an.

Le Massachusetts n'a récupéré, ainsi, que 20 millions de dollars par an. Selon Michael Doonan, les entreprises sont souvent prêtes à payer, car l'offre d'une assurance santé « permet de garder les bons collaborateurs ». « C'est un outil de recrutement, poursuit-il. Nous avons une grosse industrie high-tech, et les entreprises sont encore en compétition pour les talents. »

Du coup, les défections patronales sont relativement rares. Selon une enquête menée par l'Urban Institute, 90 % des employeurs du Massachusetts proposent une assurance à leurs équipes. Et celles-ci, peu désireuses d'être mises à l'amende, acceptent le plus souvent l'offre du patron, qu'ils complètent de leurs cotisations. Depuis 2006, 150 000 salariés supplémentaires ont opté pour la couverture santé de leur employeur.

Bien sûr, il reste, toujours et encore, un noyau dur d'irréductibles. Michael Doonan les appelle « les jeunes invincibles », ou encore de jeunes hommes, apparemment en bonne santé, qui préfèrent payer l'amende plutôt qu'une cotisation. Il y a aussi les très petites entreprises et les travailleurs indépendants, rebutés par les sommes astronomiques que leur réclament les assurances. Pour les aider, les politiciens ont mis en place un groupe «médiateur», censé négocier avec les assureurs des tarifs plus raisonnables. Mais même revisités, ces prix paraissent toujours élevés.

Contrôle des coûts

Le coût de l'assurance augmente de 6 % à 8 % par an, note-t-on à l'université Brandeis. Rien que cette année, le gouverneur du Massachusetts a demandé 869 millions de dollars supplémentaires pour financer la santé. « Ce n'est pas tenable, reconnaît Michael Doonan. Nous avons besoin d'un nouveau round de réformes pour contrôler les coûts. » Dans les dossiers des experts : une extension de l'aide publique au-delà du seuil actuel pour réduire encore le nombre des non-assurés et un changement du mode de rémunération des professionnels de la santé, jugés trop gourmands.