C'est dans un contexte de profond changement qu'ERDF - filiale distribution d'EDF, créée en janvier 2008 dans le cadre de l'ouverture à la concurrence du marché de l'énergie - s'intéresse de près au moral de ses 45 000 agents. La création de l'entité, composée de 34 000 électriciens et de 11 000 gaziers partagés avec GRDF, a, en effet, complètement modifié leurs habitudes de travail : séparation du personnel commercial (resté chez EDF) et du personnel technique, attribué à ERDF, ces deux populations étant amenées à collaborer à distance ; réorganisation en pôles métiers (électricité et gaz) ; concentration des équipes, réparties dans huit grandes zones géographiques...

« Notre activité de distribution a beaucoup évolué. Il est donc fondamental d'évaluer régulièrement le climat social et de connaître la perception que les agents ont de l'entreprise et de leur métier », déclare Bernard Lassus, directeur général adjoint des ressources humaines et de la communication d'ERDF. Une nécessité d'autant plus grande qu'ERDF doit, en parallèle, renégocier 38 accords sociaux caducs depuis la filialisation.

Pour surveiller ce climat social sensible et orienter ses négociations, ERDF dispose d'une panoplie d'outils hérités de la maison-mère, notamment des enquêtes quantitatives (entretiens de groupes) réalisées par les analystes sociaux d'ERDF ou sous-traitées à l'institut CSA.

« Nous utilisons cette méthode sur des sujets ciblés, en appui des négociations de nos accords sociaux », explique Bernard Lassus. Pour celui en cours sur le temps de travail, les 53 responsables RH de terrain viennent, ainsi, d'être interrogés sur le temps de travail des cadres.

Mais le principal outil pour évaluer les tendances de fond reste le sondage téléphonique confié à CSA : tous les semestres, 1 763 agents représentatifs des catégories de personnel et des métiers d'ERDF (mais aussi de GRDF) sont interrogés à leur domicile sur leur sentiment d'appartenance, la perception de leur avenir ou la confiance accordée à la direction... Verdict : l'inquiétude demeure. En juin dernier, seuls 40 % des agents s'estimaient confiants dans l'avenir de leur métier !

Le malaise est également palpable chez les techniciens coupés de leur rôle de conseil auprès des clients, tâche désormais dévolue à EDF. Seuls 63 % s'estiment satisfaits de leurs relations avec les clients, contre 84 % en juillet 2006, avant la filialisation d'EDF. Face à ces problèmes, la DRH tente d'agir en organisant des groupes de travail technique et en informant davantage les agents sur les évolutions des métiers de l'entreprise. Elle réfléchit également à rapprocher les managers de proximité de leurs équipes. Car, là aussi, la situation se dégrade. En octobre, les 5 000 cadres et managers d'ERDF, sondés via un nouveau questionnaire en ligne administré par la Sofres, signalent le manque de temps à consacrer à leurs équipes : les surcharges de procédures, mais aussi la réorganisation de l'activité en filières métiers les couperaient du terrain.

• Activité : gestion du réseau de distribution d'électricité.

• Effectifs : 45 000 salariés.

• Chiffre d'affaires 2008 : 11,3 milliards d'euros.