Les suicides consécutifs à des situations de stress au travail alimentent aujourd'hui le débat pour savoir s'il s'agit «d'accidents» liés aux particularités individuelles, ou si le travail en lui-même peut conduire à de pareils actes de désespoir. Jacques-Antoine Malarewicz, psychiatre et consultant en entreprise, dépassionne la question en montrant la manière dont interagissent les problématiques personnelles et professionnelles dans les situations de travail difficiles.

Parler des symptômes d'un individu - qu'il soit étiqueté, de façon un peu expéditive, «paranoïaque», «manipulateur», «déprimé», voire «pervers» -, en dehors de son environnement, n'a peut-être pas beaucoup de sens. Ce qui est certain, c'est que les conditions de travail amplifient la souffrance des plus fragiles et que le travail est, aujourd'hui, l'un des principaux contextes où se joue la santé mentale. Au rang des éléments fragilisant l'individu et pouvant déclencher des pathologies lourdes, on trouve, entre autres, l'augmentation continue de l'exigence de productivité, une expansion de l'activité de service qui sous-tend la satisfaction client, et le culte de l'instantanéité, qui tend à dissoudre les repères temporels et rituels de l'individu. L'injonction d'efficacité et de performance se paie, de manière évidente, au prix d'une hausse significative du nombre de dépressions et de décompensations multiples.

Sans se substituer aux démarches psychothérapeutiques, les interventions de responsables RH ou de consultants peuvent contribuer à assainir des comportements psychiques individuels préoccupants pour l'individu comme pour le groupe. Un livre d'initiation et de méthode pour tous ceux appelés à gérer des situations complexes.

Jacques-Antoine Malarewicz est psychiatre et consultant en entreprise.