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Un esprit de diffusion générale

Enquête | publié le : 13.10.2009 |

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Un esprit de diffusion générale

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Avec ses 8 000 heures de formation annuelles et la sensibilisation sans passer par la voie hiérarchique, l'usine chimique américaine, en Alsace, s'efforce de faire de chaque collaborateur un spécialiste sécurité à son échelle.

La sécurité fonctionne comme un levier de polyvalence chez Dow Rohm & Haas, à Lauterbourg. Particulièrement confrontée à cet enjeu eu égard à son classement Seveso seuil haut, l'usine alsacienne du groupe chimique américain mise d'abord sur l'élévation du niveau de compétences de ses collaborateurs en la matière. Elle les incite donc tous à suivre des formations spécifiques, indépendamment de la nature de leur poste de travail. « Au moins la moitié des 280 salariés possèdent une qualification en sécurité, à des degrés divers », souligne le responsable sécurité Jean-Pierre Heitz. « L'état d'esprit vise à éviter de se dire : ce n'est pas pour nous, mais uniquement pour le personnel du service sécurité », confirme Pascal Vantillard, secrétaire (CFE-CGC) du CHSCT.

Formations aux secours

Cinquante salariés possèdent, ainsi, la qualification SST de sauveteur-secouriste au travail, et une vingtaine ont suivi avec succès la formation premiers secours de niveau supérieur CFAPSE (Certificat de formation aux activités de premiers secours en équipe). Sept collaborateurs possèdent le plus haut niveau de qualification à l'intervention contre le feu et une dizaine sont habilités pour la sécurité du travail en enceinte confinée, là où planent des risques d'accident du fait, notamment, du manque d'oxygène ou de la présence de gaz dangereux. « Ce type d'environnement, soumis à un protocole très strict, ne relève pas de l'exceptionnel, nous y évoluons à raison de deux à trois opérations de maintenance chaque semaine », ajoute Jean-Pierre Heitz, responsable sécurité.

Une équipe de dix formateurs internes s'est constituée pour dispenser des modules spécifiques comme les secours en travail en hauteur, ainsi que les modules de base qui touchent l'ensemble des salariés sur des thèmes plus généraux : port des équipements de protection, types de lunettes à porter selon l'endroit, manipulation des extincteurs... Ce socle commun d'une journée est complété par une autre au sein de chaque service, qui permet de décliner une thématique spécifique.

Au total, le site dispense plus de 8 000 heures de formation sécurité par an, « presque l'équivalent d'une semaine complète par salarié », relève Pascal Vantillard.

Source potentielle d'accidents souvent mésestimée, les sous-traitants suivent également un tronc commun de sensibilisation d'une heure, complété par des modules spécifiques selon la nature de leur travail.

Objectif : un seul blessé tous les dix ans

Les résultats sont au rendez-vous : l'usine affiche un indice de fréquence avec arrêt de travail de six fois moins que la moyenne de l'industrie. Mêmes proportions pour le taux de gravité. « Nos statistiques correspondent à une ou deux blessures par an », compare Jean-Pierre Heitz. Mais, fidèle à la réputation sécuritaire des Américains, le nouveau propriétaire Dow en veut encore plus : il a fixé l'horizon d'un blessé tous les dix ans à partir de 2015. Le responsable de la sécurité ne s'en effraie pas : « L'objectif n'est pas irréaliste. En un peu plus d'une décennie, nous avons déjà divisé nos chiffres par dix. »

Banque de données des risques

La sensibilisation au quotidien évolue dans le même esprit que le programme de formation : pas de rôle exclusif confié à des personnes-relais ou à l'encadrement, mais une diffusion à l'initiative de chacun. Tout collaborateur peut alimenter une sorte de banque de données des risques en signalant une situation concrète rencontrée. « Elle nous a fait déceler, par exemple, une recrudescence de blessures aux mains. Une petite campagne de prévention a suivi, via l'intranet notamment », relate Jean-Pierre Heitz. Selon Pascal Vantillard, « le CHSCT peut contribuer à cette appropriation par chacun, du fait de son absence de rôle hiérarchique. Quand nos membres visitent un atelier, leurs conseils passent bien et ils sont suivis d'effet ».

La réduction d'un tiers des effectifs en huit ans au fil des restructurations aurait pu induire un relâchement de la sécurité. Tel n'a pas été le cas, dixit le secrétaire du CHSCT.

DOW CHEMICAL COMPANY

• Activité : chimie et agrochimie.

• Effectifs : 46 000 salariés dans le monde (280 à Lauterbourg).

• Chiffre d'affaires 2008 : 58 milliards de dollars.