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L'usine de Meaux, entre redéploiement et sécurité

Enquête | publié le : 13.10.2009 |

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L'usine de Meaux, entre redéploiement et sécurité

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Dans l'usine francilienne, le dernier accident en matière de sécurité remonte à 2004. Les syndicats craignent que les suppressions de poste récemment annoncées ne remettent en cause ces bons résultats.

Le 28 septembre : jour de grève sur le site Cognis à Meaux (Seine-et-Marne). Dans leur lutte contre le plan de «redéploiement industriel» qui devrait entraîner la suppression de 48 des 143 postes que compte l'usine (contre un cinquième sur le périmètre Cognis France), les syndicats ont fait de la sécurité leur mot d'ordre. « La suppression d'un tiers des postes du site généralisera l'isolement, déjà d'actualité lors des congés d'été, de certains salariés contraints de réaliser des tâches dangereuses sans aucune surveillance. Et, en cas d'alerte, sera-t-on en mesure de mener à bien le plan d'opération interne avec un effectif aussi réduit ? », s'interroge Steve Régnier, délégué syndical central CGT, qui rappelle que le site fonctionne 24 heures sur 24.

Fabriquant des produits chimiques pour les cosmétiques et les détergents, l'usine de Meaux est, en effet, classée Seveso, seuil haut, du fait de l'existence d'un stockage d'oxyde d'éthylène, un gaz toxique et potentiellement cancérigène, ainsi que de produits fortement inflammables.

Suppression de l'unité d'éthoxylation

Directeur du site, Christian Le Hen réfute en bloc l'argument de la CGT : « Prévoyant la suppression de l'unité d'éthoxylation, la seule à utiliser l'oxyde d'éthylène, le plan annoncé entraînera au contraire un gain de sécurité pour le site. Confronté à un accroissement sans précédent de la réglementation, le groupe entend, en effet, concentrer cette activité particulièrement dangereuse sur des sites plus récents que le nôtre. » Présente à Meaux depuis 1979, l'unité d'éthoxylation est, de fait, la plus petite et la plus ancienne du groupe allemand de chimie. Autre point faible : contrairement à des sites plus importants qui produisent eux-mêmes l'oxyde d'éthylène, l'usine de Meaux doit se faire livrer le composé par la route.

En dépit de ces contraintes, le site affiche de bons résultats en matière de sécurité. Le dernier accident d'ordre technique - une émission d'acide acrylique - remonte à 2004 et aucun accident du travail, même minime, n'a été enregistré depuis plus d'un an. Depuis le début des années 2000, à l'instar de l'ensemble des sites industriels du groupe, l'usine a mis en place un système de management environnemental conforme à la norme ISO 14001.

Régulièrement, l'usine réalise également des études de danger sur la totalité des unités de l'établissement. « En nous incitant à évaluer la probabilité des risques identifiés, la réglementation «Seveso II» nous a permis de réaliser de gros progrès, souligne Nicolas Aune, le responsable sécurité, hygiène, environnement et qualité (SHEQ). La prise de décision, en matière d'investissement, par exemple, s'en trouve facilitée. »

Détection des fuites

Le site a, ainsi, récemment fait l'acquisition d'un système de différentiel de pression qui permet de multiplier les sources de détection de fuites sur les conduites. Le responsable SHEQ souligne aussi le rôle essentiel joué par l'Union des industries chimiques (UIC), qui décrypte, pour ses adhérents, les arcanes de la réglementation (toxicité des produits, droit du travail) et fournit des outils d'analyse des risques. Travaillant jusqu'à présent avec un référentiel de l'INRS, l'établissement de Meaux lancera, d'ici à la fin de l'année, une étude comparative destinée à évaluer la méthode la plus adéquate.

Facteur humain

« En matière de prévention, c'est cependant sur le facteur humain que les plus gros efforts doivent être concentrés », souligne Christian Le Hen. En 2008, l'établissement s'est doté d'un référentiel qui précise les compétences indispensables à chaque poste ainsi que les critères qui permettent de valider les acquis de la formation, obligatoire, délivrée lors de chaque nouvelle prise de fonction. L'établissement a également répertorié les postes interdits aux intérimaires et aux CDD. D'autre part, une «journée SHE», animée par Nicolas Aune, à destination de l'ensemble des salariés, fait le point, chaque année, sur les grands principes de la prévention.

Dès l'annonce du PSE, le 9 juin dernier, le CHSCT a demandé au cabinet Technologia de venir expertiser le niveau de sécurité du site. « Technologia ne nous a pas encore remis son rapport définitif, explique David Denolf, membre du CHSCT, mais ses premières conclusions laissent entendre qu'en matière de prévention, nous nous situons exactement dans la moyenne des sites classés Seveso. »

COGNIS FRANCE

• Activité : fabricant de produits chimiques pour cosmétiques et détergents.

• Effectifs : 521 salariés (143 dans l'établissement de Meaux).

• Chiffre d'affaires 2008 : 307,7 millions d'euros.