La France d'aujourd'hui est un pays où le travail tend à se précariser et où la population salariée souffre de stress. Voilà pour les généralités. Dans le détail, les différences entre les catégories de salariés sont importantes et n'ont même jamais été si nombreuses, selon leur statut et selon leur niveau hiérarchique. L'inégalité économique continue de se creuser, tandis que l'entreprise, de son côté, grâce aux aides de l'Etat, assume une part toujours plus réduite dans les revenus des franges les moins qualifiées de la population.

L'équipe de chercheurs de l'Institut de recherches économiques et sociales (Ires), composée d'économistes, de sociologues et d'historiens, qui s'est attelée à la description économique et sociale de la France, va délibérément contre la doxa néolibérale qui, au fil des décennies précédentes, n'a pas cessé de réclamer plus de flexibilité de l'emploi au nom de l'employabilité des travailleurs.

Pour les auteurs de cette étude, les 35 heures se sont révélées plus créatrices d'emplois que la flexibilité à la danoise, cette dernière n'ayant permis une baisse du chômage que du fait du déclin démographique du pays. La flexicurité ne profite donc pas aux salariés, mais aux seuls actionnaires.

Le transfert des charges d'assistance sur la puissance publique, pour sa part, fragilise l'équilibre financier du pays sans pour autant résoudre le problème social créé par la baisse du pouvoir d'achat des travailleurs. Au final, les auteurs dressent un tableau extrêmement sombre de la situation du travail et de l'emploi, qui devrait faire réagir les partenaires sociaux.

P. R.