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Le conseil RH s'adapte à la crise

Enquête | publié le : 06.10.2009 |

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Le conseil RH s'adapte à la crise

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Malgré la conjoncture, la demande des entreprises en matière de conseil RH se maintient. Mais les cabinets doivent composer avec des budgets en baisse et des clients plus exigeants. Ceux qui proposent une offre innovante et sur mesure tirent leur épingle du jeu.

Après quatre années de croissance continue, le conseil entre en récession. En mai dernier, Syntec Conseil en management (85 cabinets représentant 60 % de l'activité en France) prévoyait de réaliser, en 2009, un chiffre d'affaires en retrait de 5 % à 10 % par rapport à 2008. Pourtant, les professionnels du conseil ne versent pas dans le pessimisme. « Il s'agit d'une crise quantitative - les clients commandent moins -, mais il n'y a pas d'arrêt brutal comme lors des précédentes, en 1993 et en 2001-2002 », observe Jean-Luc Placet, président de Syntec Conseil en management. D'ailleurs, les cabinets limitent au maximum les licenciements (lire Entreprise & Carrières n° 959) pour ne pas se trouver démunis lors de la reprise et pour honorer les commandes en cours. Car la demande est là, particulièrement sur des sujets RH.

« Les chiffres globaux sont en baisse, mais certains secteurs de l'activité RH fonctionnent très bien et il ne s'agit pas seulement de l'accompagnement des restructurations. On constate une demande soutenue dans tous les compartiments des RH, de la stratégie à la rémunération, en passant par le management, car nous vivons une période où la mobilisation des hommes est fondamentale », constate le président de Syntec Conseil en management. Seul le conseil en recrutement souffre vraiment, mais s'adapte en misant sur la professionnalisation de ses collaborateurs (lire p. 24).

Gestion prévisionnelle

Des sujets classiques, comme la gestion prévisionnelle, sont toujours à l'honneur, même dans des secteurs très impactés par la crise. « Nous sommes très sollicités sur cette thématique. Nos clients nous demandent des projections sur l'emploi et les compétences en fonction des nouvelles stratégies arrêtées », témoigne Jean-Louis Dufloux, directeur général d'Equinox Consulting, dont les clients sont des banques et des organismes financiers.

Les offres concernant la fidélisation et la motivation font recette. « La rétention des talents est le défi n° 1 des entreprises », déclare Marc Timmerman, directeur exécutif pour la gestion des talents chez Hudson, en se basant sur les résultats d'une toute récente enquête menée par le cabinet auprès de 500 entreprises européennes. Mais il faut fidéliser sans augmenter les salaires. Les cabinets de conseil en rémunération sont donc sollicités pour personnaliser les rémunérations à coûts constants (lire p. 26).

Demandes plus pointues

Constat général : les demandes se font plus pointues. Chargée de mission à l'Aract Pays de la Loire, qui anime un réseau de consultants (lire p. 29), Murielle Roche-Brunet l'observe au niveau des PME de sa région : « Sur le sujet de l'entretien professionnel, par exemple, les entreprises n'en sont plus à l'outillage. Elles ont une demande sur la valorisation du contenu des entretiens et sur leur utilisation par les services RH. On est vraiment dans l'anticipation et l'optimisation. »

Thierry Gérard, directeur RH management du cabinet IDRH, fait le même constat chez ses clients, essentiellement des grandes entreprises : « Toutes les entreprises se sont beaucoup renforcées dans le domaine RH. Nous sommes face à des gens très pros, qui n'achètent pas du conseil pour travailler sur les problèmes de base. Il faut donc trouver de nouvelles voies, être pointu, savoir adapter une solution à chacun. »

Jean-Luc Placet signale « une très forte demande de créativité sur les sujets de fond. C'est «l'effet General Motors» : ce qui m'a fait réussir depuis dix ou vingt ans ne va pas forcément me faire réussir dans les prochaines années ». Du coup, les entreprises sont prêtes à envisager d'autres modalités de gestion RH (lire p. 27).

Tous les consultants évoquent une montée des exigences des entreprises. Souvent confrontées à l'urgence, elles sont en quête de résultats tangibles. « Elles sont prêtes à investir dans le conseil, mais il faut que ça rapporte », souligne Noël Bonnier, dirigeant d'Options RH. L'engagement sur les résultats devient, ainsi, la règle dans le conseil en outplacement (lire p. 25).

Guerre des prix

Mais, en ces temps de réduction budgétaire, les consultants doivent innover à moindre prix. « La pression sur les prix et la mise en concurrence des cabinets par les services achats constituent, aujourd'hui, la règle du jeu », témoigne Jean-Claude Merlane, dirigeant du cabinet éponyme. Jean-Louis Dufloux parle, quant à lui, de «guerre des prix»et note une vigilance accrue des clients sur la durée des missions. « Avant 2009, les missions de conseil pouvaient s'étaler sur un an, voire plus. A présent, elles sont découpées pour être contrôlées budgétairement. On nous demande aussi d'être plus précis dans le cahier des charges en indiquant la répartition du travail entre l'équipe interne et les consultants. A ce niveau de détail, c'est tout à fait nouveau. »

Plus préoccupant : les cadres des entreprises consacrent de moins en moins de temps aux consultants, car ils sont surchargés de travail en cette période de gel des recrutements. « On atteint un point de rupture », évoque un consultant. Les professionnels du conseil ont donc l'oeil rivé sur les décisions budgétaires des entreprises pour 2010. Une offre de conseil RH innovante ne peut se passer des moyens humains pour la mettre en oeuvre...

L'essentiel

1 Pour mobiliser leurs salariés, les entreprises continuent d'avoir recours au conseil RH.

2 Face à des clients plus exigeants, les cabinets sont contraints à la fois d'innover et de s'engager sur des résultats.

3 Les cabinets-conseils doivent cependant travailler dans un contexte de réduction des coûts et de moindre disponibilité des équipes internes.