logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les pratiques

Allemagne La croisade impopulaire des traders de Dresdner Kleinwort

Les pratiques | publié le : 29.09.2009 |

Les traders de l'ancienne banque d'investissement Dresdner Kleinwort portent plainte contre leur nouveau propriétaire, la Commerzbank, pour récupérer des bonus impayés, alors que celle-ci prépare une grande réforme de son système de rémunération.

Il faut de l'audace, à l'heure actuelle, quand on est banquier, pour réclamer des bonus impayés. C'est pourtant ce que font 72 traders de l'ancienne banque d'investissement Dresdner Kleinwort, filiale de la Dresdner Bank, rachetée en janvier 2009 par la Commerzbank. Peu sensibles au débat international sur la rémunération des financiers, ils ont saisi, le 8 septembre, un tribunal londonien pour récupérer l'intégralité de leurs bonus. Ils reprochent à leur nouveau propriétaire de ne leur avoir versé que 10 % des bonus qui leur avaient été promis pour 2008, et réclament le versement complémentaire d'environ 34 millions d'euros... assortis d'indemnités journalières de retard.

« Culottées », « démesurées », « incompréhensibles », les revendications des traders, rendues publiques en février dernier, avaient déclenché un tollé en Allemagne. Car la Commerzbank, en proie à de graves difficultés financières, en grande partie occasionnées par les pertes de la banque d'investissement Dresdner Kleinwort, avait été le premier établissement privé allemand à bénéficier d'une aide de l'Etat, à hauteur de 18,2 milliards d'euros. Son capital est d'ailleurs désormais public à 25 %.

400 millions d'euros de bonus promis

Et pourtant, les traders s'estiment dans leur bon droit. Ils affirment avoir rapporté plus d'un milliard d'euros, en 2008, à leur banque et rappellent que l'ancien propriétaire de la Dresdner Bank, Allianz, leur avait garanti le versement de 400 millions d'euros sous forme de bonus pour 2008. A l'été 2008, Allianz, engagée dans la vente de cette banque, avait, en effet, cherché à fidéliser ses traders, tous sur le départ, en leur garantissant 400 millions d'euros de bonus pour 2008.

« Etant donné l'ampleur des pertes de la Dresdner Bank, provoquées en grande partie par sa banque d'investissement, soit 6 milliards d'euros en 2008, la Commerzbank a décidé qu'elle ne pouvait verser de bonus ni en 2008, ni en 2009 », tranche, aujourd'hui, un porte-parole du nouveau propriétaire. Annoncée en février 2009, la mesure s'applique à l'ensemble du personnel de la banque, des membres du directoire aux salariés. Adopté en octobre 2008 par la grande coalition, le plan de sauvetage des banques stipule que celles renflouées par l'Etat doivent s'engager à plafonner à 500 000 euros la rémunération annuelle de leurs dirigeants et à renoncer au versement de bonus et d'indemnités de départ. Mais ces conditions ne s'appliquent qu'aux membres du directoire des banques concernées. La Commerzbank est donc allée un peu plus loin.

Rentabilité à long terme

« Nous préparons un nouveau système de rémunération pour l'automne, qui prendra davantage en compte la rentabilité à long terme de la banque », ajoute le porte-parole. De quoi se mettre en conformité avec la nouvelle loi du 5 août dernier, limitant les salaires des patrons et incitant les entreprises à prendre en compte des critères de performance orientés sur le long terme. Le versement de bonus est différé et les stock-options ne seront plus exerçables qu'après un délai de quatre ans, contre deux ans auparavant. La majorité des banques allemandes ne sont pas encore prêtes. La Commerzbank pourrait être la première à appliquer pleinement la loi.

COMMERZBANK

Activité : deuxième banque privée allemande.

Effectifs : 64 700 salariés, dont 45 800 en Allemagne.

Résultats : perte d'exploitation de 378 millions d'euros en 2008 (résultat d'exploitation de 2,5 milliards d'euros en 2007).