Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat à l'Emploi, lira avec profit l'étude Viavoice réalisée pour le Fafiec (Opca de l'ingénierie, de l'informatique, des études, du conseil, des foires et salons et des traductions) et présentée dans le cadre des Journées de la formation du Fafiec. Lui qui est à la manoeuvre de l'actuelle réforme y lira que 61 % des entreprises ignorent cette actualité, mais que 85 % d'entre elles jugent la formation rentable et efficace, et que 87 % ont le sentiment de bien connaître les possibilités de financement de la formation professionnelle.

A lire ces réponses, la formation professionnelle n'est donc pas perçue comme inefficace, dispendieuse ou opaque. Un tel satisfecit, qui ne sonne pas le glas du système actuel de formation, interroge, alors que le secrétaire d'Etat assure qu'il faut le revoir. Partial, le Fafiec ? Il est certes, lui aussi, touché par la ponction des 13 % du FPSPP (ce qui ennuie tous les Opca), mais, d'un autre côté, avec une collecte d'environ 200 millions d'euros, il est hors restructuration des Opca.

Très intéressantes sont les réponses aux questions concernant l'impact de la crise sur le recours à la formation. Sur les effets tangiblement constatés, les réponses sont encore indécises, car 44 % des entreprises ne s'estiment pas en mesure de répondre à la question par manque de recul ; 27 % assurent que le nombre de formations a baissé depuis la crise, et 29 %, qu'il a augmenté. En termes de dispositifs de formation les mieux adaptés, viennent en tête le plan de formation (58 %), puis le DIF (49 %).

Mais, c'est surtout sur le ressenti et le parti pris vis-à-vis du rôle de la formation en temps de crise que les réponses sont positives. Ainsi, 58 % des répondants déclarent qu'en période de crise, « il est d'autant plus nécessaire de développer la formation » (ce taux est encore plus élevé, 68 %, au sein des entreprises de plus de 100 salariés), contre 33 % qui estiment qu'elle devient « moins prioritaire ». De même, 51 % des entreprises interrogées pensent que la formation contribue « fortement » à les aider à se préparer pour la relance (dont 10 % de « très fortement »), contre 43 % qui ne lui accordent qu'un « faible » effet (dont 8 % de « très faible »). Conséquences : si, au cours des mois prochains, 59 % des entreprises envisagent de ne rien toucher à leur budget formation ; 27 % comptent l'augmenter et 14 % le diminuer. La formation bénéficie ainsi des réponses les plus positives, parmi toutes les thématiques RH et gestion questionnées par Viavoice. Comparativement, la prévision à la baisse est de 23 % pour le recrutement, de 27 % pour les investissements et de 39 % pour les dépenses courantes de fonctionnement...

Si, malgré tout, il fallait réformer quelque chose, quels seraient les souhaits des entreprises ? « Une meilleure prise en compte des spécificités d'un bassin d'emploi et des pôles de compétitivité » (40 %) ; « la simplification du plan de formation » (37 %) ; « favoriser la formation pour les demandeurs d'emploi » (35 %) ; « des circuits de financement plus efficients et plus transparents » (35 %) ; « un bilan d'étape professionnel » (25 %) ; « la portabilité du DIF » (24 %) ; « un renforcement de la mission de conseil et d'accompagnement des Opca » (23 %) ; et « la création du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels » (12 %).