Réfléchir sur les groupes professionnels permet de réactualiser concrètement la question du travail et de son évolution. L'ouvrage collectif, placé sous la direction de deux chercheurs en sociologie, Didier Demazière et Charles Gadéa, rappelle, dans un premier temps, le modèle qui a servi d'archétype à la construction des sphères professionnelles. Il décrit aussi les tensions qui existent entre les entreprises et les professionnels, ces derniers cherchant à préserver et à améliorer leur emprise sur leur propre travail.

Dans un second temps, sont étudiés les modes de régulation mis en oeuvre par les professionnels pour contrôler leur espace spécifique d'intervention et obtenir des formes de reconnaissance de la part des autorités publiques. La troisième partie s'intéresse à l'enjeu capital de la formation et aux différentes barrières - titres, diplômes, concours, droits d'entrée... - élevées à l'entrée des professions afin de les réguler et de les normaliser.

Les trois dernières parties s'intéressent, successivement, aux métiers dont le caractère professionnel est difficile à faire reconnaître, comme, par exemple, celui d'écrivain, mais aussi, dans un autre registre, celui de prostituée.

Les inégalités dans les évolutions de carrière, entre les hommes et les femmes, (niveaux de rétribution, et autres formes de valorisation) dans les différentes professions sont également étudiées.

Au final, à travers une gamme très variée de métiers, de l'ingénieur au montreur de fauves, en passant par les infirmières ou les musiciens, les auteurs ont su dégager des angles d'approche originaux et tracer de nouvelles pistes d'analyse.

Didier Demazière est chercheur au CNRS.

Charles Gadéa est chercheur associé au Centre Maurice-Halbwachs.