Un peu malgré lui au début, puis s'y installant, le narrateur est entré dans la peau du défunt Charles Legrandin, haut fonctionnaire assassiné quelques jours plus tôt par sa femme. Devenu le directeur des relations professionnelles au sein du ministère du Travail, nouvellement nommé, il ne laisse rien paraître de l'imposture et en exploite toutes les failles de manière lucrative. Ainsi, les négociations avec les syndicats concernant les accords sur les 35 heures se révèlent, moyennant de beaux dessous de table, gagnantes-gagnantes... pour les seuls patrons ; les licenciements des représentants du personnel sont avalisés selon un barème préétabli ; des primes sont dispensées aux agents en fonction de leur degré de servilité...

Dans la même veine, des dispositifs de portage salarial ne sont qu'une manière d'assurer, sur le dos des contribuables, des rentes aux consultants en périodes d'inactivité, fonctionnaires surpayés pour en faire le minimum, administrateurs pédants ou imbéciles, concours administratifs pipés... La charge contre l'administration est féroce et l'auteur, François Marchand, qui a passé une quinzaine d'années à l'administration centrale du ministère du Travail, se délecte à démontrer l'absurdité de certaines pratiques dans la fonction publique. Ce roman n'est pas seulement plein d'humour, il fait également preuve d'une connaissance approfondie des mécanismes administratifs et sociaux. Décapant !