logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Dossier

« La réforme intervient trop tôt et trop tard »

Dossier | publié le : 29.09.2009 |

Image

« La réforme intervient trop tôt et trop tard »

Crédit photo

Cette nouvelle réforme est porteuse de désir de changement, mais n'est pas formatée pour répondre aux problèmes d'aujourd'hui, juge Gérard Layole.

« Cette nouvelle réforme arrive un peu trop tôt : plus de trente ans séparaient la loi de 1971 de sa réforme de 2003. Est-ce qu'en six ans les acteurs avaient eu le temps de la «digérer», voire d'en comprendre vraiment les intentions profondes ? Je ne peux qu'être frappé de la «viscosité» des formules d'alternance effectivement utilisées par les entreprises, une fois sur deux en jouant sur les dérogations, comme pour retrouver les «bons» anciens contrats de qualification ou d'apprentissage, d'une durée d'au moins un an sinon deux. Je ne sais pas si la fusion apprentissage-qualification, piste actuellement envisagée, en fera pour autant un outil moins rigide qu'actuellement. Je ne sais pas si le DIF va trouver un nouveau souffle, ni s'il deviendra plus facile d'accès aux salariés les plus précaires. Bien que, visiblement, même six ans après la réforme, personne n'utilise de la même manière les trois anciennes catégories du plan formation, je ne suis pas sûr que la réduction à deux va «fonctionner» : jusqu'où s'étendront les responsabilités de l'employeur pour la nouvelle catégorie 1 ? Jusqu'où seront exploitées les possibilités de hors temps de travail, voire d'usage du DIF, pour la catégorie 2 ?

Quel bilan d'étape ?

Que va être le «bilan d'étape», entretien supposé potentiellement «contradictoire» et avec un autre interlocuteur que le manager direct ? Une simple invitation écrite du salarié non suivie d'effets ? Un entretien professionnel «bis», lui-même simple prolongement de l'entretien d'évaluation ? Le salarié y viendra-t-il assisté d'un représentant syndical ?

Paradoxalement, cette réforme arrive aussi trop tard. Je pense aux remaniements institutionnels, fonds de sécurisation et autres mesures généreuses en direction des faiblement qualifiés. Mon observation est qu'aucune mesure de renforcement de l'employabilité ne fonctionne dans l'urgence. En cas de plan social, les salariés ont tendance à «se raccrocher aux branches» - trouver rapidement un emploi ou obtenir une grosse indemnité -, pas à se lancer dans une VAE ou un cursus de formation lourde.

Politique du chiffre

Dans le contexte actuel, pour des raisons strictement pratiques mais aussi politiques d'«affichage» des chiffres de l'emploi, l'effort va se concentrer, à mon avis, plutôt sur les plus qualifiés, susceptibles de retrouver rapidement un poste et, souvent, dans les entreprises qui «se voient», et beaucoup moins sur les salariés en «exclusion interne» du fait de l'obsolescence de leurs compétences et de leur faible accès à la formation.

Cette réforme, c'était un pari à tenter avant la crise. Après elle, sans jouer les oiseaux de mauvais augure, les chances de réussite sont divisées par 10 ou par 100. Les mesures attendues par les entreprises se situent essentiellement dans les systèmes de survie à court terme, non dans les investissements à horizon de deux, trois ans ou plus. »