logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les pratiques

Royaume-Uni Bonus : la City fait de la résistance

Les pratiques | publié le : 22.09.2009 |

Si le gouvernement britannique s'est rallié à la position franco-allemande, ce n'est pas le cas des quartiers d'affaires londoniens.

En matière d'encadrement des bonus, les Anglais soufflent le chaud et le froid. Sur le plan international, le point de vue du gouvernement de Gordon Brown est clair : au début du mois de septembre, le Premier ministre britannique s'est, en effet, rallié à Angela Merkel et à Nicolas Sarkozy dans un courrier envoyé à la présidence suédoise de l'Union européenne, et exhortant leurs partenaires européens à exiger du G20, prévu les 24 et 25 septembre à Pittsburgh, l'adoption de règles très strictes en matière de rémunérations dans le secteur financier. Les bonus ne peuvent pas « récompenser l'échec ou encourager des prises de risques inacceptables », car cela « offense le public », avait ensuite réitéré Gordon Brown, à l'occasion de la rencontre, à Londres, des ministres des Finances des pays du G20, le 5 septembre.

Des packages très substantiels

Sauf que, dans les quartiers des affaires de la City et de Canary Wharf, ces points de vue sont peu partagés. Les journaux se faisaient, ainsi, l'écho, en août, de la poursuite des excès de la culture des bonus : Barclays aurait offert un package - salaires et bonus - supérieur à 30 millions de livres à cinq traders qu'elle souhaiterait débaucher de JP Morgan. De son côté, Merrill Lynch, désormais dans le giron de Bank of America, proposerait aussi des packages très substantiels à des conseillers en gestion de fortune.

Guide de conduite

La FSA - Financial Services Authority - semble, elle-même, prise entre deux feux. L'autorité de réglementation des marchés a, ainsi, publié en août un guide de conduite en matière de rémunérations variables, dont les huit principes découlaient d'un code déjà présenté en mars dernier. Reste que, dans la mouture finale, la FSA a fait marche arrière sur deux des points les plus épineux : les dispositions contraignant les établissements à verser deux tiers des bonus de leurs employés en différé et à lier la performance individuelle d'un salarié à celle de l'entreprise ont été finalement reléguées du rang de principes à celui de recommandations.

La culture des bonus est solidement enracinée dans les pratiques et la philosophie des établissements financiers outre-Manche : leur diminution aurait toutes les chances de conduire à une évasion des talents vers d'autres places plus généreuses. De quoi faire perdre à Londres sa place de première plate-forme financière mondiale. Face à cette éventualité, certaines banques tentent de biaiser. Royal Bank of Scotland (RBS) a accordé, récemment, à son nouveau directeur financier, Bruce Van Saun, un bonus dépassant le million d'euros sous forme d'actions, tout en assurant respecter les règles de la FSA : le directeur financier ne pourra, ainsi, vendre ces actions que dans trois ans, et seulement si certains critères de performance sont remplis.

Etalement des bonus

Encore faibles, certaines voix de l'industrie financière commencent néanmoins à s'élever sur la nécessité de réformer la structure des bonus : le nouveau président de la banque britannique Lloyds Banking Group, Win Bischoff, ancien président de Citigroup, s'est ainsi déclaré en faveur de l'étalement des bonus des dirigeants des banques et de leur versement en actions. Il a considéré, aussi, que le bonus des traders devrait être différé jusqu'à ce que le bénéfice ou les pertes engendrés par leur activité soient pleinement déterminés, tout en relevant le risque que cela aboutisse à une multiplication des positions à court terme permettant d'être payé plus vite...

En attendant un consensus plus général sur la question, 72 banquiers de la City ont poursuivi en justice, début septembre, les banques allemandes Dresdner Kleinwort et Commerzbank parce qu'elles auraient négligé de leur verser l'équivalent de 33 millions d'euros de bonus. Signe que des progrès restent à faire dans la transformation des mentalités...