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Les pratiques

1 600 salariés illettrés formés par le secteur propreté

Les pratiques | Retour sur... | publié le : 22.09.2009 |

Depuis la mise en oeuvre de la démarche, en 1999, plus de 1 600 salariés des entreprises de la propreté ont suivi une formation de 250 heures à l'expression écrite et orale en français. Mais le système monte véritablement en puissance depuis deux ans.

Quarante-quatre salariés formés en 1999 ; 860 en cumul à la fin 2006 et 1 600 en cumul à la fin 2009. L'opération de lutte contre l'illettrisme dans le secteur de la propreté se déploie : deux fois plus de personnes en ont bénéficié entre 2006 et 2009 qu'entre 1999, année de son lancement, et 2006. « Le système monte véritablement en puissance depuis deux ans, la sensibilisation est réussie », se réjouit Françoise Cognasse, responsable de l'opération lancée voilà dix ans par les partenaires sociaux siégeant au Faf-propreté. Ainsi, pour le seul mois d'août dernier, 400 salariés sont entrés dans le dispositif. De plus, assure-t-elle, « plus de 90 % des stagiaires achèvent la formation en atteignant les objectifs fixés. Mieux, beaucoup en redemandent et souhaitent approfondir ou engager des formations techniques. Depuis 2007, cette formation aux écrits professionnels peut être associée aux cursus pour l'attribution des certificats de qualification professionnels de la branche ».

Activité en forte croissance, le secteur de la propreté a réalisé un chiffre d'affaires de 10 milliards d'euros en 2007, soit une progression de 10,29 % en un an. Ses 17 000 entreprises ont embauché, au global, près de 417 000 personnes fin 2007, soit 55 % de plus qu'en 1995. Mais ce secteur a la particularité de compter 65 % de non-diplômés et 30 % d'étrangers. Plus difficile encore : sur la seule région Ile-de-France, le taux de salariés étrangers atteint 76 % !

Handicap social

Les possibilités de mauvaise maîtrise du français sont donc importantes. Or, face aux difficultés de recrutement liées à l'expansion du secteur, à la volonté de fidéliser le personnel, aux impératifs de compétitivité, combattre ce handicap social qu'est l'illettrisme est devenu un défi majeur de la branche. Les entreprises, en effet, attendent des agents qu'ils soient autonomes, capables de remplir un cahier de liaison, les fiches d'évaluation dans le cadre des certifications Iso 9002, d'utiliser les produits de nettoyage en toute sécurité, de respecter les dosages...

« Faute de solutions adaptées aux contraintes de la profession, tout restait à inventer pour bâtir un dispositif d'alphabétisation efficace en termes de contenu, de logistique et de coût », explique Françoise Cognasse. Après une étude de faisabilité, la branche met en oeuvre, en 1998, son projet à partir de trois principes : une démarche spécifique à la branche ; une formation qui se fonde sur les situations vécues ; et la mutualisation des outils, des supports et des expériences pédagogiques au sein d'un réseau national d'organismes de formation (lire encadré ci-dessous).

12 % des fonds de la professionnalisation

Surtout, pour accélérer le déroulement de l'opération, les partenaires sociaux de la branche ont décidé de lui accorder un financement ad hoc. Soit, depuis 2004, 5 % des fonds de la professionnalisation collectés par le Faf-propreté. Mais le besoin est tel que ce sont aujourd'hui 12 % des fonds de la professionnalisation qui financent cette opération. Le succès du cursus a été tel que ce taux est monté jusqu'à 17 % en 2008, ce qui représente près de 3,3 millions d'euros engagés ! Concrètement, cette prise en charge prend la forme de la période de professionnalisation ou du DIF, et bénéficie d'un forfait de 30 euros de l'heure pour assurer les coûts pédagogiques et le salaire.

Le cursus prévu est de 250 heures. La formation se déroule souvent sur six à dix mois, à raison de deux séances de trois heures par semaine, en petits groupes.

Réalité professionnelle

Surtout, le principe pédagogique retenu est d'apprendre le vocabulaire, la syntaxe, la lecture et l'écriture sur la base de documents que les stagiaires utilisent dans leur travail (cahier de liaison, étiquettes de produits, dosages, fiche d'accueil de l'entreprise de propreté, pictogrammes et explications relatives à la sécurité...). De même, les jeux de rôles, les saynètes ou les films utilisés s'appuient systématiquement sur la réalité professionnelle. Ainsi, un ensemble de supports pédagogiques propre aux sites d'aéroport, et prenant en compte leurs nombreuses particularités, a été produit par le réseau des organismes de formation.

Le coût pédagogique s'élève à 30 000 euros en intra-entreprise pour un groupe de 8 à 12 personnes. En interentreprises, la formation est facturée 3 750 euros par salarié.

MUTUALISATION DES MOYENS ET DES IDÉES

35 organismes de formation ont été retenus et labellisés pour intervenir sur la France (1 ou 2 par région, et 3 en Ile-de-France).

Ils sont pilotés et coordonnés par le cabinet Recif avec un mot d'ordre de mutualisation des moyens et des idées. D'ailleurs, toute la production pédagogique et intellectuelle de cette opération a nourri une base de données indexée au «référentiel des compétences clés en situation professionnelle» (lier Entreprise & Carrières n° 946) de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI), dont le Faf-propreté est administrateur depuis sa création.