Syndicat représentatif des entreprises du médicament (300 entreprises en France, employant 100 000 personnes), le Leem héberge, sur son site web, une bourse à l'emploi. Depuis deux ans, tous les CV déposés par les candidats à l'embauche sont anonymisés. « C'est un élément de notre politique de responsabilité sociale », explique Emmanuelle Garassino, chargée de l'observatoire des métiers du Leem. Simple d'un point de vue technique, la solution a été développée par le webmestre du Leem. Les postulants remplissent un formulaire, mais certaines informations n'apparaissent pas aux recruteurs : le nom, le prénom, l'adresse, le numéro de téléphone et l'adresse mail du candidat.

Pour entrer en contact avec le candidat, le recruteur utilise un lien anonyme créé automatiquement sur le CV. Ce n'est qu'à partir du moment où le recruteur a pris rendez-vous avec le candidat que l'identité de ce dernier apparaît. Avant cela, le recruteur ne connaît que l'intitulé du poste et la région recherchés par ce candidat, son niveau de formation, son expérience professionnelle et sa lettre de motivation. Ces deux derniers champs ne doivent comporter aucune information permettant d'identifier le candidat, avertit le site. Cette procédure, mise en place en association avec SOS Racisme, vise à empêcher les discriminations fondées sur l'origine ethnique. Les éventuelles discriminations en raison du sexe ou de l'âge, par exemple, ne sont pas concernées par la démarche.

Généralisé à l'ensemble des métiers en janvier 2008, le CV anonyme a d'abord été expérimenté, à partir d'avril 2007, sur ceux du marketing et de la vente, soit un quart des 5 400 CV déposés dans la candidathèque durant ces six mois d'expérimentation. « Notre crainte était que le CV anonyme ne réduise le recours à la bourse à l'emploi », explique Emmanuelle Garassino.

Mais ce ne fut pas le cas : 1 350 CV anonymes ont été déposés pendant l'expérimentation ; un peu moins de la moitié (713) de ces candidats ont été contactés ; en moyenne, ils l'ont été 2,6 fois. « Ces résultats sont les mêmes que pour les candidatures classiques », commente la responsable de l'observatoire des métiers. En outre, les tentatives de contournement de l'anonymat (l'employeur annule le rendez-vous après qu'il a connaissance de l'identité du candidat) ont été rares : 2,1 %. Conclusion : « Le CV anonyme n'a pas gêné les recruteurs. » A-t-il gêné les candidats ? Après avoir bondi de 40 % entre 2006 et 2007, le nombre de CV dans la candidathèque (10 257 en 2007) a ensuite fléchi de 6 % (9 741) en 2008. « Il est peu probable que cette baisse soit liée à l'anonymisation des CV, qui n'a pas d'inconvénient particulier pour les candidats. En revanche, on sait que la conjoncture économique défavorable rend les salariés plus «frileux» pour chercher un nouvel emploi », commente Emmanuelle Garassino.

La fréquentation de la bourse n'a pas souffert puisque le nombre de «pages vues», de «visites» et de «visiteurs» progresse régulièrement depuis 2006.

Finalement, « la principale critique formulée par les entreprises a porté sur les délais de mise en contact avec le candidat, forcément plus longs dans le cas d'un CV anonyme. Nous travaillons à améliorer ce délai », déclare Emmanuelle Garassino.