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Les pratiques

Kronenbourg veut réoccuper le terrain

Les pratiques | Retour sur... | publié le : 15.09.2009 |

Annoncée il y a un an, la suppression de 215 emplois n'est qu'un des volets de la restructuration du célèbre brasseur. L'entreprise veut aussi décloisonner ses services. En juin, elle a envoyé 150 salariés sédentaires seconder les commerciaux. En parallèle, son PSE tend vers le zéro licenciement sec.

Chez Kronenbourg, PSE = PII pour «partie immergée de l'iceberg». L'annonce, en octobre dernier, de la suppression de 215 emplois sur 1 400 constituait la mesure la plus spectaculaire et la plus radicale d'un plan plus global visant à métamorphoser l'entreprise afin de la rendre moins cloisonnée et plus réactive. En somme, lui redonner de la souplesse.

«Kronenbourg fait sa tournée»

Afin de renforcer le sentiment d'appartenance à l'entreprise et de permettre aux salariés de mieux connaître leurs collègues de différents services, le brasseur a organisé une première action concrète en juin dernier : 150 salariés de production et de bureau ont accompagné les commerciaux «sur le terrain», une journée durant, sur leur temps de travail. Ces volontaires - un tiers issus de l'usine de brasserie d'Obernai (Bas-Rhin) et deux tiers, des services administratifs du siège de Strasbourg et de l'antenne parisienne de Boulogne - n'ont pas été cantonnés au rôle d'observateurs. Ils ont aidé à mettre en place les «affichages» - têtes de gondole dans les grandes surfaces, habillage des bars aux couleurs de la marque... - et une cinquantaine ont participé aux animations commerciales sur les stands destinées à attirer le chaland entre deux rayons.

Un signe encourageant

Pour la direction, l'opération «Kronenbourg fait sa tournée» a atteint tous ses buts. « La mobilisation a fonctionné, nous avons refusé du monde. La démarche nous a rapprochés du consommateur final et du client direct professionnel. Et, combinée à notre campagne publicitaire, elle nous a fait gagner 1,5 point de part de marché en juin, la meilleure progression du secteur », expose son porte-parole, qui y voit « un signe encourageant, mais ce n'est qu'un début ».

La prudence se mue en scepticisme côté syndical. L'initiative ne fait que reproduire une expérience déjà lancée il y a quelques années avant d'être suspendue ; « on est dans l'effet de manche », estime André Thillard, délégué central CGT. Son homologue FO Daniel Muller indique « ne pas en voir l'effet sur les volumes produits ».

L'opinion se fait plus consensuelle à l'évocation du déroulement du PSE. A son terme, fin 2010, l'entreprise ne devrait pas être loin du zéro licenciement sec. Plutôt pionnière dans la recherche d'alternatives aux ruptures forcées, privée du levier des préretraites - dont elle avait épuisé le filon dans de précédents plans -, elle s'est fondue sans problème dans la vague du recours aux départs «volontaires» : à fin juin, elle en a enregistré 143, que doivent compléter 72 reclassements internes.

Seules trois personnes restent en attente d'identification d'une solution. S'ajoutent, toutefois, cinq salariés qui ont refusé le nouveau poste proposé (mais ils peuvent encore changer d'avis) et un autre qui ne s'est plus manifesté. Ce qui fait dire aux syndicats qu'il reste neuf cas à régler. Les reclassements résultaient d'un vrai besoin de réorganisation interne, au point « qu'une bonne GPEC, bien anticipée, aurait résolu la question en coûtant moins cher », estime Daniel Muller.

Effort de formation

« Certaines reconversions lourdes ne sont pas gagnées d'avance, elles vont requérir un gros effort de formation », avertit André Thillard. Quant au caractère volontaire des départs, il n'a pas fait l'objet, pour l'heure, d'un bras de fer, mais les IRP comptent en demander la preuve à partir de l'automne. Pour accompagner les partants, le brasseur a confié une cellule à Altédia, complétée par la structure lorraine de conseil à la création d'entreprise Alexis.

Pour limiter l'impact social, Kronenbourg a mis le paquet. Si la direction demeure discrète sur le sujet, les syndicats évoquent une enveloppe de plus de 20 millions d'euros en formation et, surtout, en primes de départ volontaire sous forme d'indemnités de licenciement économique. Quelque 4 millions d'euros supplémentaires résulteront d'une convention de revitalisation du bassin d'Obernai, dont la signature doit intervenir fin septembre.

HEINEKEN AUSSI

Le marché de la bière étant difficile pour tout le monde, Heineken, le grand concurrent de Kronenbourg, a décidé, lui aussi, de réduire ses effectifs : moins 114 postes par la fermeture de la brasserie Fischer de Schiltigheim, au nord de Strasbourg.

Son PSE 2008-2010 se fonde sur l'arsenal classique des reclassements externes et internes, et sur les cessations anticipées d'activité. A fin juin, le groupe annonce 22 solutions définitives et 57 identifiées, qui l'amènent à afficher un taux de 70 %. Les syndicats le ramènent à 19 % en s'en tenant aux seules solutions définitives.