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Les pratiques

Italie Fonction publique : la métamorphose d'un pachyderme

Les pratiques | publié le : 15.09.2009 |

En contrôlant les absences et en évaluant les agents, y compris avec l'aide des usagers, le ministre de la Fonction publique s'est juré de moderniser l'administration italienne. En cette rentrée, il met en avant les résultats obtenus dans un livre bilan.

Renato Brunetta, 59 ans, ministre de la Fonction publique et de l'Innovation, a lancé un pari particulièrement ardu, compte tenu de la réalité de l'administration publique en Italie, qualifiée depuis des décennies de «pachyderme», pour son extrême lenteur et sa légendaire inefficacité. Il veut révolutionner ce secteur pour améliorer la productivité et réaliser des économies budgétaires à travers des interventions législatives et organisationnelles (1).

L'Italie compte, à ce jour, 3 388 341 fonctionnaires, soit 19,4 % du total de la population active. En clair, un Italien sur 5 est fonctionnaire. Jusqu'en 2008, c'était l'emploi rêvé pour ne pas perdre la saveur de la dolce vita. « ll est vrai que, en cas d'absence, faire pointer un collègue à sa place était une coutume très répandue. Les cas d'agents qui se prêtaient à ce jeu, soit pour faire leurs courses tranquillement, soit pour arrondir leurs fins de mois en effectuant des travaux d'électricité ou de peinture chez des particuliers, sont tout à fait réels », reconnaît un syndicaliste de la CGIL qui préfère garder l'anonymat.

A peine nommé à son poste, l'hyperactif professeur d'économie Renato Brunetta a donc promis qu'il entamerait une vraie réforme structurelle. Moins de deux ans après, il vient de publier un livre racontant « sa révolution » (2) et se félicite des résultats déjà obtenus pour métamorphoser « un monstre de lourdeur et d'immobilisme ».

L'heure du bâton

Concrètement, ses combats visent à augmenter, à moyen terme (deux à trois ans), de 20 % la productivité de l'administration publique et à faire économiser 40 milliards d'euros au Trésor. Pour cela, plus question de fermer les yeux sur les fonctionnaires tire-au-flanc. « Plus question, non plus, assure-t-il, de laisser les syndicats diriger la fonction publique, il faut les ramener à leur rôle premier, celui de représenter les intérêts des salariés. » De fait, le très inventif Brunetta, issu d'une famille de vendeurs vénitiens de gondoles miniatures, a introduit de nouvelles réglementations drastiques. Les licenciements sont désormais plus faciles et plus rapides en cas d'absences injustifiées ou si les agents se révèlent trop improductifs.

Fini l'Etat providence, voici l'heure du bâton et de la carotte. Force est de constater que la recette fonctionne. Jusqu'en juillet 2008, chaque fonctionnaire totalisait, en moyenne, 47,2 jours d'absence par an (vacances incluses). Un an après, ce chiffre a diminué de 40 %. « J'ai rendu la santé à des milliers de fonctionnaires, je devrais recevoir le prix Nobel de médecine ! », s'est récemment exclamé le ministre, présent sur Facebook et dont on peut lire le blog quotidien.

Code de conduite

Fort de sa popularité, il a également créé un nouveau service baptisé «Ligne amie», destiné à faciliter les démarches administratives des usagers et à recueillir leurs doléances à l'égard des fonctionnaires, via un site Internet ou un numéro vert. En contrepartie, le ministre a mis en place un processus d'évaluation associé à un code de bonne conduite qui devrait permettre aux employés les plus productifs de grimper plus rapidement les échelons et d'obtenir une prime de rendement.

Dernière nouveauté, les usagers peuvent exprimer leur degré de satisfaction en choisissant, parmi les trois «émoticones» graphiques à leur disposition, celui qui correspond le mieux au comportement de l'employé ayant traité leur dossier. Une machine ad hoc est à leur disposition dans la plupart des organismes publics. L'année 2010 devrait être particulièrement consacrée à la formation continue des managers de l'administration publique, qui sont environ 20 000.

(1) Le décret Brunetta, connu sous le nom de décret antifainéant, date du 25 juin 2008. Il a été suivi de nombreuses circulaires en 2009.

(2) Rivoluzione in corso, éditions Mondadori.

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