Austérité record prévue en 2010 : c'est ce qu'annonce le cabinet de conseil en RH Hewitt Associates dans son enquête annuelle sur les révisions salariales en France, publiée le 7 septembre. Ces conclusions se fondent sur l'analyse des informations sur les budgets d'augmentation fournies en juillet-août derniers par 69 entreprises représentant 721 058 salariés.

Selon ce spécialiste de la rémunération, depuis une trentaine d'années, les taux d'augmentation de salaire n'ont jamais été aussi bas qu'en 2009. Généralement un peu supérieures à 3 %, ces enveloppes d'augmentation ne seront que de 2,8 % pour l'année en cours (contre 3,3 % en 2008). La crise financière, puis économique, a fortement impacté les politiques salariales : en effet, douze mois auparavant, les budgets d'augmentation prévus pour 2009 étaient optimistes et s'élevaient à 3,7 %.

Pas d'embellie à prévoir en 2010, alors que les NAO sur les salaires commenceront généralement, pour les premières entreprises, dans quelques semaines. Le taux d'augmentation prévu est, en moyenne, de 2,6 %.

« Trois actions seront essentielles pour maintenir la motivation des équipes, indique Pierre Le Gunéhec, responsable de la rémunération globale chez Hewitt : valoriser davantage l'ensemble du package de rémunération, indépendamment du salaire ; renforcer l'accompagnement managérial pour répondre aux incertitudes des salariés ; et être en mesure, malgré des budgets limités, de distinguer les collaborateurs les plus performants. » Ce dernier point sera sans doute critique.

Déjà, en 2008, l'année avait été émaillée de mobilisations sur le thème du pouvoir d'achat, les demandes d'augmentations générales en lieu et place d'une individualisation croissante avaient fleuri et ce, y compris dans des secteurs où elles avaient disparu depuis longtemps pour les cadres, comme dans les SSII.

De son côté, Expectra, qui publie, pour la 7^e année, des prévisions de salaires pour les cadres, notamment dans les PME (26 fiches de paie dans 6 000 entreprises), identifie quelques secteurs et fonctions qui devraient échapper au marasme. Dans l'informatique et les télécommunications, les métiers de développeur (+6 % sur les salaires à l'embauche) et d'infographiste (+7,4 %) sont dans ce cas.

Les techniciens paie et les responsables RH, à qui il revient de maîtriser les coûts, pour les premiers, et de préserver la paix sociale, pour les seconds, tirent leur épingle du jeu au coeur de la crise (+5,6 % et +4,2 %).

Dans les fonctions commercial et marketing, les chargés d'affaires techniques, difficiles à recruter dans une période de frilosité et de gel des mobilités externes, mais aussi les webmarketeurs conservent des chances d'augmentations supérieures à 4 % sur 2009. L'ingénierie et les personnels des bureaux d'études ont subi une baisse des recrutements de 17 % en moyenne, mais les techniciens de maintenance, les ingénieurs du BTP et les géomètres, ainsi que les techniciens méthodes perçoivent, eux aussi, des augmentations significatives sur 2009.

2008* 2009 Prévisions 2010

Ensemble 3.3 % 2.8 % 2.6 %

Dirigeants 3.5 % 3.3 % 2.4 %

Cadres supérieurs 3.3 % 2.9 % 2.5 %

Cadres débutants 3.8 % 3.2 % 2.6 %

Cadres moyens 3.3 % 2.8 % 2.5 %

Force de vente 3.2 % 2.8 % 2.4 %

Agents de maîtrise 3.2 % 2.7 % 2.4 %

Employés 3.2 % 2.7 % 2.4 %

Ouvriers 3.2 % 2.6 % 2.4 %

* Issus de l'étude 2007-2008 calculée sur un panel de 120 entreprises représentant 771 737 salariés. Source : Hewitt Associates