logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

« Les plans de départs volontaires prennent le relais des préretraites »

Enquête | L'entretien avec | publié le : 15.09.2009 |

Image

« Les plans de départs volontaires prennent le relais des préretraites »

Crédit photo

E & C : En dépit des objectifs de maintien dans l'emploi des seniors poursuivis par le gouvernement et les partenaires sociaux, il semble que les seniors soient à nouveau les premières victimes des politiques de réduction d'effectifs...

T. G. : L'âge reste, en effet, une variable d'ajustement. Malgré les effets d'annonce et les discours tenus depuis 2003, les vieux réflexes sont malheureusement toujours là. Cela dit, alors même qu'elles semblent faire peu de cas de leurs salariés âgés dans cette période de crise, les entreprises se voient contraintes, sous peine de sanctions, de signer un accord ou de présenter un plan d'action dans le domaine de l'emploi des seniors avant le 1er janvier 2010. Il me semble donc que nous vivons une période charnière.

E & C : Les préretraites publiques ont quasiment disparu et les préretraites «maison» sont fortement taxées... Quelles sont, aujourd'hui, les alternatives ?

T. G. : Plus souples, moins chers et permettant de cibler les postes ou les populations dont les entreprises souhaitent se défaire, les plans de départs volontaires avec des mesures spécifiques aux seniors prennent désormais le relais. Par exemple, à France Télévision, un dispositif incitatif de départ volontaire pour les plus de 60 ans pouvant prétendre à une retraite à taux plein a été mis en place. Lancé d'ici à la fin de l'année, il pourrait concerner jusqu'à 900 salariés d'ici à 2012. Le montant de la prime - hors indemnité de licenciement - variera de six à neuf mois de salaire, selon l'ancienneté du salarié.

Autre exemple chez Air France, où la direction a signé, le 21 juillet, un accord de GPEC qui prévoit, notamment, d'inciter les salariés à un départ anticipé grâce à une aide au rachat de trimestres d'assurance vieillesse, à hauteur de 2 000 euros par trimestre racheté, dans la limite de douze trimestres. Du fait de leur coût raisonnable, ces pratiques ont toutes les chances de se développer.

D'autre part, hors plan collectif, l'engouement pour les départs individuels négociés avec montage pour ceux qui ne bénéficient pas encore de la retraite à taux plein est également connu. Fin février, 53 615 ruptures conventionnelles avaient été homologuées par les directions départementales du travail, sur un total de 60 055 demandes déposées depuis l'entrée en vigueur du dispositif, en juillet 2008. Même si on ne connaît pas officiellement le public, on peut s'attendre à une surreprésentation des seniors parmi les bénéficiaires, aucun garde-fou n'ayant été mis en place à cet égard.

E & C : Moins coûteux pour les entreprises, ces dispositifs sont-ils vraiment avantageux pour les salariés ?

T. G. : Le volontariat oblige les employeurs à assurer une attractivité à la hauteur de leurs objectifs de réduction d'effectifs. Mais c'est sans compter un phénomène bien connu : les seniors, qui voient aujourd'hui se réduire comme une peau de chagrin les «avantages» jusqu'alors réservés à leur tranche d'âge, sont très inquiets pour leur avenir. D'autant plus que les préretraites, dont la génération précédente a bénéficié, restent encore une référence importante.

Le succès rencontré par les plans de départs volontaires n'est donc pas une surprise : de crainte que leur horizon ne s'obscurcisse encore davantage à l'avenir, les seniors saisissent au vol les opportunités qui se présentent.