Ne plus dire «agent de maîtrise» ou «chef d'équipe», mais «MMU» pour «manager mini-usine». Le fabricant de biens d'équipements industriels SEW Usocome à Haguenau (Bas-Rhin, 1 300 salariés) entend faire de ces encadrants intermédiaires les « patrons de leur propre PME » et ses « cadres de demain », conformément à l'esprit de la promotion interne caractéristique de sa maison mère familiale allemande. Il leur accorde donc une place de choix dans sa politique de formation continue, elle-même axe majeur de son projet global d'entreprise «Perfambiance».

Les 30 MMU, responsables d'équipes d'une trentaine de salariés, suivent un cursus de 20 modules d'une heure ou plus chacun. Le contenu doit leur conférer les outils RH et de management complémentaires des connaissances techniques de leur formation initiale (bac +2 en majorité) et de leurs cinq à dix ans d'expérience dans l'entreprise.

Les thèmes comprennent, par exemple, l'entretien de progrès (évaluation) ; l'entretien au retour d'absence d'un collaborateur ; la valorisation des efforts, le traitement des erreurs et la sanction proportionnée des fautes comportementales ; l'animation de réunions, la gestion du temps de travail dans l'équipe, etc. Un carnet de bord consigne l'acquisition progressive des modules. « Charpenté de la sorte, le dispositif replace tout le monde au même niveau de connaissances », approuve Didier Glath, secrétaire (FO) du CE. Ces formations sont dispensées, pour l'essentiel, en interne, notamment par un service de six «experts» en outils de management de production (type 5S...).

De façon générale, l'appel aux compétences maison prédomine, ce qui amène l'entreprise à estimer qu'elle dépasse, dans les faits, son budget formation déclaré de 2,5 % de la masse salariale, qui ne traduit que les coûts pédagogiques facturés.

« Nous restons très à l'écoute des pratiques extérieures de façon à intégrer et à adapter celles qui nous paraissent pertinentes », souligne le DRH Claude Kuhne. « Les MMU eux-mêmes participent à la construction du plan de formation, puisque le recensement des besoins de leurs équipes fait partie de leurs attributions », ajoute-t-il.

Cinq d'entre eux font partie des neuf candidats SEW au premier CQPM «lean manufacturing» que l'UIMM ouvre en Alsace mi-septembre (prise en charge des coûts pédagogiques par l'Adefim). Ils représentent également la moitié des dix-huit tuteurs qui suivent les apprentis, chaque année, au rythme de 30 à 40 nouveaux contrats par an.

SEW Usocome a fait le choix de ne pas se lancer dans les périodes de professionnalisation, mais 100 de ses 1 300 salariés ont déjà utilisé leur DIF pour des cursus de langues, de connaissance de la mécanique et, surtout, d'informatique/bureautique avec le Greta Nord-Alsace.