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Les pratiques

Quand les sapeurs-pompiers craquent

Les pratiques | publié le : 08.09.2009 |

Bien que le sujet reste souvent tabou, les sapeurs-pompiers peuvent souffrir psychiquement de leur travail. Au sein du Service d'incendie et de secours du Rhône, une unité de soutien les accompagne et collabore avec la DRH.

Le métier de sapeur-pompier est psychologiquement traumatogène. Pourtant, chez ces militaires ou agents départementaux, professionnels ou volontaires, cette souffrance est souvent taboue. Au Service départemental d'incendie et de secours (Sdis) du Rhône, un absentéisme important et l'expression, plus ou moins claire, d'un sentiment de mal-être, ont incité la DRH et le Service de santé et de secours médical (SSSM) à créer, en 2007, un dispositif de soutien psychologique.

La première mesure, gérée par la DRH, vise à lutter contre l'absentéisme. Toute personne ayant eu trois accidents ou plus sur un an glissant, ou plus de 45 jours d'arrêt pour maladie ou à la suite d'un accident du travail, se voit proposer 20 séances chez un psychologue. « La procédure est un peu lourde. De ce fait, y répondent surtout les personnels administratifs, techniques et sanitaires », reconnaît le Dr Céline Roberjot, responsable de l'unité de médecine d'aptitude et préventive.

Soutien psychologique

Seconde création : une unité de soutien psychologique (USP) pour lutter contre le stress post-traumatique. Les sapeurs-pompiers rhodaniens y ont été brutalement et massivement confrontés en février 2008. « Lors d'une intervention sur une fuite de gaz, l'un d'eux s'est retrouvé bloqué dans les caves de l'immeuble par une explosion, rapporte le médecin. Ses collègues devaient continuer à travailler, tout en faisant tout pour le sauver. En vain. Leur détresse psychique a provoqué une désorganisation totale de l'intervention. » Ce décès dans ces circonstances (40 blessés) a entraîné une hausse des demandes de recours à l'USP (100 en 2008 contre 37 en 2007).

Séances de «déchocage»

Cette unité, joignable 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, est composée de deux infirmières formées à la psychologie et de six experts psychologues, tous pompiers volontaires. Ils se rendent sur le lieu d'intervention, pour des séances de defusing («déchocage», procédé qui vise à désamorcer une situation émotionnelle) immédiat, individuel et/ou collectif. Ils assurent aussi des debriefings dans la semaine qui suit, puis montent des groupes de parole, mais proposent aussi des entretiens individuels, qui constituent l'essentiel des demandes. Si la raison de la demande n'est pas directement liée au métier, le sapeur-pompier est adressé à un psychologue extérieur. Pour faciliter le recours à l'USP, le principe d'anonymat est mis en avant, ainsi que l'absence de lien - sauf si cela s'avère indispensable pour la suite - avec la médecine d'aptitude.

Depuis quelques mois, la DRH a aussi renforcé le processus de recrutement, avec l'aide d'un psychologue. « De nombreux jeunes démissionnent au cours de la formation initiale et, même une fois en poste, certains ressentent un mal-être au travail », constate le Dr Roberjot. Désormais, les candidats passent des tests psychotechniques, mettent par écrit leurs motivations et, enfin, répondent à un QCM de mise en situation. La visite médicale de recrutement a été allongée pour intégrer les aspects psychologiques.

« Nous réfléchissons à d'autres actions, des formations à la gestion du stress et aux réactions face à la mort, par exemple, et, plus largement, aux moyens de prendre en compte les risques psychosociaux. »