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Les pratiques

Une très longue reconversion pour les ex-fondeurs

Les pratiques | Retour sur... | publié le : 01.09.2009 |

Six ans après le démantèlement de Metaleurop Nord et malgré la démission scandaleuse de leur employeur, la plupart des 811 salariés ont trouvé une «solution» grâce à la mobilisation des pouvoirs publics et de la société chargée de dépolluer et de reconvertir le site.

Le 16 janvier 2003, les 811 salariés de Metaleurop Nord apprennent, par le journal télévisé, la fermeture de l'entreprise qui les emploie, pour certains depuis plusieurs décennies, à Noyelles-Godault (Pas-de-Calais). Deux ans après avoir racheté l'entreprise, le groupe suisse Glencore abandonne ce site de plus de 50 hectares classé Seveso 2, avec ses hauts-fourneaux et autres colonnes de distillation en pleine charge. Une catastrophe potentielle pour l'environnement et les habitants voisins, qui ont déjà payé un lourd tribut après plus d'un siècle d'activité de la fonderie de plomb la plus polluante d'Europe. « Nous nous sommes retrouvés face à un site orphelin présentant des risques majeurs et avec l'ensemble des salariés sur le carreau, sans indemnités », se souvient Jean-Marie Lécluse, en charge du développement économique à la Drire Nord-Pas-de-Calais.

Six ans et demi après la fermeture de l'usine, la plupart des salariés ont trouvé une solution*, indique l'association Choeurs de fondeurs, qui réunit les anciens salariés de Metaleurop, dont 20 sur le site même, qui a été, en partie, revitalisé (lire ci-dessous). Au cours d'une visite en février 2008, Nicolas Sarkozy avait regretté que, plus d'un an après la fermeture de la cellule de reclassement des anciens de Metaleurop, une cinquantaine d'entre eux soient toujours sans solution. A la demande de la Direction départementale du travail, l'Afpa a donc été missionnée avec la collaboration de nombreux partenaires (Pôle emploi, région Nord-Pas-de-Calais, Agefiph).

Salariés en fin de droits

Avec l'aide de Choeurs de fondeurs, l'Afpa a finalement identifié 60 salariés en fin de droits, âgés pour la plupart de plus de 50 ans, avec des passés difficiles et une réelle perte de confiance en eux. « Ils ont été reçus par Pôle emploi et des psychologues du travail. Ce qui a permis de faire le point sur la situation de chacun d'entre eux et de proposer des plans d'action. Dix ont reçu un appui pour affiner leur projet de reconversion ou en définir un nouveau », précise Frédéric Coste, chargé de direction responsable d'orientation à l'Afpa Nord-Pas-de-Calais. Douze autres ont bénéficié du service d'appui à la définition de projet de formations qualifiantes de reconversion (plombier-chauffagiste, agent d'entretien, magasinier, conducteur de machine industrielle).

61 % de réussite

A l'issue des douze réunions de travail, pilotées par la Direction départementale du travail, cette ultime opération a permis de trouver une solution dite stabilisée (CDI, création d'entreprise, invalidité reconnue, intérim non subi, contrat d'avenir de deux à cinq ans) pour 37 des 60 personnes concernées (61 %). « Parmi les 23 restantes, 10 suivent, actuellement, une formation de reconversion, et 4 sont en CDD de moins de six mois ou en intérim. Enfin, pour les autres, les situations demeurent complexes, avec de nombreux handicaps à surmonter, sachant que quatre embauches en emploi aidé sont négociées avec la mairie de Courcelles-lès-Lens. Malgré tout, le taux de réussite de 61 % est très bon, compte tenu des situations particulièrement difficiles du public concerné, et prouve que l'on peut toujours trouver des solutions même plusieurs années après », conclut Frédéric Coste.

* En juin 2009, 132 personnes étaient en préretraite FNE ; 359 en CDI ; 29 en CDD ; 71 à la retraite ; 21 en intérim ; 46 au chômage ; 9 en formation longue durée ; 26 en création d'entreprise ; 5 en préretraite amiante ; 57 dispensées de recherche d'emploi. Par ailleurs, 21 sont en invalidité ; 9 en longue maladie ; 23 décédées ; 3 n'avaient pas donné d'informations.

La revitalisation a permis 389 embauches

Pour la revitalisation et la dépollution du site, l'Etat est intervenu en urgence, avec l'aide des collectivités locales et de l'association Choeurs de fondeurs. Il a lancé un appel à candidatures, remporté, en novembre 2003, par Sita, filiale du groupe Suez. « Il comportait trois volets : sécuriser le site et réaliser les études préalables à sa dépollution, assurer sa décontamination et, enfin, redéployer économiquement le site », rappelle François Grux, directeur général, de 2003 à 2008, de Sita Agora, filiale de Sita chargée de ce programme. Le contrat prévoit également la création de 190 emplois industriels à fin 2009, soumise à une aide de l'Etat (5,7 millions d'euros).

Le redéploiement économique comprend la création d'une zone tertiaire et d'un pôle industriel spécialisé dans les filières de recyclage. « Aujourd'hui, la première compte 14 entreprises pour 302 emplois créés ou transférés. Le second accueille sept entreprises, filiales de Sita, qui ont permis la création nette de 87 emplois », précise Jean-Baptiste Miguaise, directeur général de Sita Agora depuis un an.

L'objectif des 190 emplois sur la partie industrielle ne sera donc pas atteint fin 2009, mais, vraisemblablement, fin 2010. A l'heure actuelle, les 21 entreprises présentes sur le site emploient 389 salariés.

F. L.

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