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Les pratiques

Espagne La banque BBVA encourage les congés XXL

Les pratiques | publié le : 01.09.2009 |

Le groupe bancaire espagnol propose à ses salariés des congés de trois à cinq ans, rétribués à hauteur de 30 % de la rémunération brute annuelle. Objectif implicite : notamment réduire la masse salariale. Mais, pour l'heure, cela n'a guère convaincu.

On connaissait les congés sabbatiques, mais la BBVA, deuxième groupe bancaire espagnol, est allée plus loin. Ses salariés peuvent, en effet, demander, durant toute l'année 2009, une période de trois à cinq ans de congés pour se consacrer à des projets personnels ou professionnels. Le bénéficiaire devra avoir une ancienneté minimale de huit ans. Il obtiendra, chaque année, en échange de son absence pendant cette longue période, un revenu équivalent à 30 % de sa rétribution brute annuelle, avec un minimum de 12 000 euros. Il aura aussi droit à 3 600 euros versés au titre de sa participation à une mutuelle de santé. En Espagne, il est ainsi habituel pour les grandes entreprises que les salariés voient leur mutuelle privée de santé payée. Au bout de ces trois ou cinq ans d'absence, le salarié reviendra à son poste dans la même ville. La majorité des demandeurs sont, à ce jour, des personnes jeunes, autour de la trentaine.

Peu de candidats

Si la mesure est destinée à alléger les dépenses consacrées aux salaires, elle ne pèsera pas lourd. Pour l'instant, une trentaine de personnes ont postulé, autrement dit une goutte d'eau dans l'océan des 30 000 salariés espagnols de la BBVA. « Et il ne devrait pas y avoir plus de 70 postulants au total d'ici à la fin de l'année, commente Rafael Muñoz, secrétaire à la communication de la Fédération des services financiers et administratifs au sein du syndicat Commissions ouvrières (CC.OO). Ce qui nous gêne principalement dans cette mesure, c'est qu'elle n'a pas été négociée avec les syndicats, c'est une décision unilatérale de la banque. Nous nous doutions qu'il n'allait pas y avoir beaucoup de réponses positives ; ce type de mesure génère de l'incertitude, surtout dans le contexte actuel, et le nombre peu élevé de postulants le confirme. Cinq années d'absence, c'est beaucoup, le secteur se trouve actuellement dans un processus de restructuration et nous ne savons pas ce qu'il en ressortira. » Les banques et caisses d'épargne sont, ainsi, nombreuses à réduire le nombre de leurs succursales en Espagne.

Encouragement aux départs volontaires

Le dispositif de la BBVA, dans son principe, n'est pourtant pas nouveau. Dans certains secteurs comme la construction, les périodes d'absence sont utilisées depuis longtemps et restent un moyen de réguler la masse salariale en temps de crise. Mais les durées envisagées ne sont pas aussi importantes que celles proposées par la banque.

Cristina Simon, doyenne de psychologie et directrice du centre ressources humaines à l'IE Business School, estime que « c'est un message que lance la BBVA. Elle sonde : vu les circonstances économiques, je comprends cette mesure comme un encouragement aux départs volontaires. Il y a trois ans, en plein boom, cette mesure aurait pu être présentée comme un moyen pour concilier vie personnelle et travail. Mais, aujourd'hui, si c'était vraiment le but, ce n'est pas le bon moment, les couples ont besoin des deux salaires ».