E & C : Pour la quatrième année consécutive, votre étude sur l'utilisation du web en entreprise met en évidence l'importance du surf à usage personnel au bureau...

A. S. : D'après notre analyse portant sur une quarantaine d'entreprises et d'administrations, représentant près de 30 000 personnes, un salarié passe, en effet, une heure et demie chaque jour sur Internet, dont près d'une heure pour des raisons personnelles. Nous estimons, ainsi, que l'usage incontrôlé d'Internet entraîne, en 2009, une perte de productivité de 13,8 %.

E & C : Votre étude laisse néanmoins apparaître une légère baisse de la navigation personnelle au bénéfice des usages professionnels par rapport à l'an passé. Pour quelles raisons ?

A. S. : La baisse de l'usage personnel, moins 12 % entre 2008 et 2009, est due à l'explosion des Smartphones qui permettent, notamment, de consulter sa messagerie ou les sites de réseaux sociaux dans les transports en commun. D'autre part, la multiplication des applications métiers en mode SAS accroît naturellement le temps passé sur Internet pour usage professionnel.

E & C : Pour un employeur, quels sont les risques de l'utilisation personnelle d'Internet au bureau ?

A. S. : Avant même la perte de productivité qu'il génère, l'usage incontrôlé d'Internet fait courir un risque de nature juridique : un employeur peut, en effet, être condamné en tant que personne morale parce qu'un poste de travail est utilisé pour consulter un site illicite. La fréquentation des réseaux sociaux sur les lieux de travail entraîne également un risque de fuite d'informations de nature confidentielle. Mais, au-delà des questions de sécurité, l'analyse des usages internes d'Internet se révèle également un très bon indicateur des lacunes du management. Un salarié ne peut consacrer quotidiennement plusieurs heures au surf personnel sans sévères dysfonctionnements de l'organisation.