Au centre hospitalier d'Alès, dans le pôle d'hébergement des personnes âgées, le personnel teste, depuis juin, un programme de «réveil articulaire et musculaire» : cinq à sept minutes d'échauffement avant de se mettre au travail, sous la direction d'un professeur d'activités physiques adaptées. Objectif : faire de la prévention dans un milieu hospitalier où « les troubles musculo-squelettiques sont devenus un fléau », selon le médecin du travail. « Un corps échauffé est mieux protégé et plus efficace, souligne Sylvie Nicolas, professeur d'activités physiques adaptées. Cela donne aussi l'habitude de faire attention à son corps. » Une fois testé, le dispositif pourrait être déployé dans l'hôpital grâce à la formation de référents dans chaque pôle.

Cette initiative s'inscrit dans une démarche collective, engagée depuis mars 2008 à Alès et dans 26 autres hôpitaux du Languedoc-Roussillon et de Provence-Alpes-Côte d'Azur, sous la houlette de l'ANFH (Association nationale pour la formation permanente du personnel hospitalier), l'Opca de la fonction publique hospitalière, pour rendre plus attrayants les métiers hospitaliers. Aux difficultés croissantes rencontrées pour recruter et fidéliser le personnel s'ajoutent, dans ces deux régions, deux préoccupations : les départs massifs à la retraite d'ici à 2015 (plus de 40 % des effectifs) et le coût élevé du logement.

Sur la base de l'enquête Presst-Next menée en Europe, entre 2004 et 2006, auprès des personnels soignants, l'ANFH a mis au point un ambitieux dispositif, baptisé «Pactes», projet d'amélioration des conditions de travail dans les établissements de santé. Chacun des hôpitaux ayant adhéré au projet s'engage à mettre en oeuvre un plan d'action (audit, formation, etc.) dans l'un de ces quatre domaines : l'ergonomie, l'organisation du travail, le tutorat d'intégration, l'activité physique au travail. Le budget de Pactes est à la hauteur des ambitions : 840 000 euros, financés principalement par l'ANFH et la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales.

Pour lancer la démarche, le centre hospitalier d'Alès a choisi de former neuf agents à l'ergonomie, un par pôle, volontaires et de professions diverses : infirmière, aide-soignante, kinésithérapeute, ergothérapeute. Après dix jours de formation en 2008, ils ont constitué un groupe de référents en ergonomie, chargé d'élaborer et de mettre en oeuvre un programme d'actions. Conçus avec l'aide du service de santé au travail et du CHSCT, les projets sont soumis à l'approbation d'un comité de pilotage qui rassemble la DRH, la coordination des activités de soins, les représentants des pôles, le médecin du travail et le CHSCT. Une dynamique transversale, innovante en milieu hospitalier. En plus de l'activité physique, d'autres projets visent la prévention des risques professionnels : par exemple, l'aménagement du poste de la préparatrice de pharmacie, soumise à des gestes répétitifs pour la préparation des piluliers, et l'harmonisation de l'agencement des salles de soins de façon à ce que les agents puissent se repérer facilement.