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Enquête

Sauvés par le rire ?

Enquête | publié le : 25.08.2009 |

Quel est l'impact de l'humour dans le monde du travail ? Voici quelques réponses venues du monde entier et collectées par Marco Sampietro, professeur à l'université italienne Bocconi.

L'usage de l'humour dans le monde du travail varie-t-il selon les pays ? Et quels en sont les effets ? Ce sont ces très sérieuses questions que Marco Sampietro, professeur à l'université italienne Bocconi, pose, depuis 2007, à des salariés ; 2 000 salariés d'Italie, d'Allemagne, des Etats-Unis, du Royaume-Uni, du Japon et de France (179 personnes) lui ont répondu. Voici les premiers résultats (juin dernier), avant la publication des définitifs (intégrant des avis de salariés russes et canadiens), prévue pour octobre prochain.

Marco Sampietro tire deux constats. Premièrement, l'humour est utilisé et apprécié dans tous les pays questionnés sans que l'on note de grandes différences, à l'exception du Japon dont l'avis sur la question est inférieur à la moyenne des autres répondants, mais qui se situe quand même dans une vision positive. Deuxième constat : à chaque pays son type d'humour. D'ailleurs, note l'universitaire italien, « le recours à l'humour dans des réunions internationales est moins fréquent que dans des réunions nationales. Ce qui signifie que les personnes prennent en considération que certains types d'humour peuvent être mal interprétés du fait des différences culturelles ».

Latins et Anglo-Saxons ne rient pas ensemble

Plus précisément, Marco Sampietro a demandé à ces salariés de se prononcer sur une échelle de 1 à 7 (1 : inutilisé ; 7 : utilisé très souvent) sur différents types d'humour : se moquer des autres, se moquer de soi... Il en ressort que les Latins (Italiens et Français) se moquent plus volontiers des autres, alors que les Anglais et les Américains se moquent surtout d'eux-mêmes ; que les Italiens semblent toujours adeptes de la «commedia dell'arte» et du recours à l'argot ; et que les Américains fuient l'humour à connotation sexuelle (phobie du harcèlement).

On y apprend aussi que les Américains et les Japonais sont meilleurs aux jeux de mots que les Français, mais que nous nous rattrapons au jeu de la moquerie des règles sociales ; que le point fort des Allemands est de rire des différences dans le travail (fonctions, hiérarchie...) ; et que tout le monde marche sur des oeufs au sujet de la religion.

Parallèlement, «il dottore» a demandé à ces salariés qui ont l'occasion de rire pendant leur travail de donner leur avis sur les impacts possibles de l'humour dans cet univers : meilleure perception d'une idée ou d'un objectif ; affirmation d'un leadership ; possibilité de prendre part à une discussion d'équipe ; capacité à trouver une solution à un problème ; amélioration du moral de l'équipe ; cohésion ; capacité à faire accepter des changements ; support apporté à l'équipe ; motivation pour atteindre un objectif.

Le professeur Sampietro n'a pas encore fourni de résultats chiffrés sur les effets de l'humour, mais il avance quelques constats : « Dans toutes les catégories d'effets mentionnés, l'humour est vu comme ayant un apport positif. Une exception toutefois : pour de nombreux pays, l'humour a un effet neutre sur la proposition «Permettre une meilleure perception d'une idée ou d'un objectif». C'est même vu un peu négativement au Japon. Parmi les effets les plus positifs, on trouve l'affirmation d'un leadership et l'amélioration du moral de l'équipe. Enfin, les personnes ont le sentiment que l'humour est plutôt un support qu'un obstacle à la performance d'équipe. C'est un point important à souligner auprès de managers qui, souvent, ont plutôt tendance à le brimer. »

Quel humour pratiquez-vous ? (1 : inutilisé, 7 : utilisé très souvent)

Italie France Allemagne Etats-Unis Royaume-Uni Japon

Se moquer des autres 4,4 4,4 3,2 2,7 3,8 2,4

Se moquer de soi-même 4,6 4,1 4,3 5,1 5,3 4,6

Humour basé sur des expressions physiques (grimaces, gesticulation parodique...) 4,1 2,8 3,5 3,2 3,6 2

Humour à connotation sexuelle 3,5 3,4 2,2 1,7 2,7 2,6

Jeux de mots 4,7 4,1 4,8 4,9 4,8 4,9

Jouer avec les règles sociales 2,4 2,9 2,2 2,1 2,7 2,4

Utiliser l'argot ou des «gros mots» 3,5 2,6 2,2 2,3 2,9 2,4

Jouer avec les différences culturelles 3,8 2,8 3,5 3 3,2 2,6

Jouer avec les différences dans le travail (fonctions, hiérarchie...) 3,8 3,6 4 3,9 3,8 2,5

Jouer avec la thématique des religions 2,1 1,8 1,8 1,8 1,8 1,7

Jouer avec les différences de genre (hommes/femmes, jeunes/vieux...) 3,7 3,8 3,5 2,5 3,2 2,5

Source : professeur Marco Sampietro, université Bocconi.