logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

La légitimité des dirigeants ne va pas de soi

Enquête | publié le : 25.08.2009 |

Les salariés ne témoignent pas d'une confiance inébranlable envers la légitimité des dirigeants d'entreprise, et souhaitent un plus fort encadrement de leur rémunération par la puissance publique, selon une étude Edhec Research Centre.

Quelle légitimité accordez-vous aux dirigeants d'entreprise ? Un groupe de professeurs et de chercheurs en management et marketing de l'Edhec (1) a posé cette question à 478 salariés et a présenté les réponses en juin dernier. L'enthousiasme n'est pas flagrant.

Sur une échelle de 1 (non, pas du tout légitimes) à 7 (oui, tout à fait légitimes), les réponses des extrêmes, les plus nettement affirmées, sont marginales. En effet, seules 1,9 % des personnes questionnées ont nié toute légitimité aux dirigeants, mais, à l'autre bout, seules 4,3 % leur accordent une totale légitimité. En fait, l'essentiel des réponses exprime un avis moyen : 55 % des réponses se classent dans les niveaux 4 et 5. Les enquêteurs de l'Edhec ont traduit ces résultats en note sur 20, ce qui donne 12,6/20. C'est bon, mais pas emballant.

Loyaux, mais distants

Allons plus loin : la très grande majorité des collaborateurs se déclarent loyalistes par rapport aux décisions prises par leurs dirigeants d'entreprise : 90 % les respectent ; 96 % contribuent à les mettre en oeuvre ; 77 % font confiance à leurs dirigeants pour prendre la bonne décision, et même 80 % se sentent personnellement engagés quand ils mettent en oeuvre les décisions. Mais cette unanimité s'effrite quand il s'agit de défendre le dirigeant vis-à-vis de critiques. Le réflexe de défense reste certes majoritaire (65 %), mais c'est sur ce thème que s'exprime le plus fort recul : 35 % des salariés interrogés déclarent ne pas prendre la défense de leur dirigeant quand ils entendent des critiques sur lui.

D'autres témoignages de ce désamour percent dans les réponses aux autres questions de cette étude : 89 % des salariés pensent que ceux qui occupent des fonctions de direction « cherchent naturellement à s'assurer une rémunération la plus haute possible » et 93 % d'entre eux estiment que les dirigeants « cherchent naturellement à conserver leur poste ». Enfin, 58 % estiment que les dirigeants ont du mal à ne pas abuser de leur pouvoir, et 67 % sont convaincus que les équipes dirigeantes et leurs représentants ne font pas assez pour s'autoréguler.

Pour des conseils d'administration renforcés

Des souhaits de réforme de la gouvernance des entreprises ? Fondamentalement, 47 % des salariés interrogés estiment que les conseils d'administration ne contrôlent pas suffisamment les dirigeants au quotidien (30 % pensent l'inverse, et 18 % n'ont pas d'avis), et, à 70 %, ils souhaitent un renforcement de l'intervention du conseil d'administration dans la direction de l'entreprise. Les salariés ne sont pas fanatiques de l'intervention de l'Etat et des autorités publiques dans la gouvernance d'entreprise (ils sont plutôt contre, à 60 %), sauf sur un point : les modalités de rémunération des dirigeants. A 59 %, ils se plaignent que les autorités publiques ne les encadrent pas assez fortement !

(1) Valérie Petit, Véronique Boulocher, Isabelle Mari et Jean-Luc Arrègle, Edhec Business School Leadership and Corporate Governance Research Centre.

Les bonnes attitudes

Les bons gestes et bonnes attitudes qui fortifient la légitimité des dirigeants, selon les salariés interrogés par les chercheurs de l'Edhec :

- Remplacer un dirigeant illégitime/nommer un dirigeant légitime.

- Promouvoir la diversité dans la politique de recrutement.

- Promouvoir une politique de rémunération cohérente et transparente.

- Ecouter, observer, ne pas se poser en sauveur et ne pas changer une stratégie qui a fait ses preuves sous prétexte que l'on arrive dans le poste.

- Expliquer les bénéfices à court et à moyen termes de la stratégie.

- Au-delà du projet stratégique, proposer un projet social et humain et remettre du collectif dans l'entreprise.

- Défendre l'entreprise face à une OPA : influencer les autorités publiques.

- Défendre la stratégie et préserver l'investissement : influencer le board.

- Défendre des projets : influencer le groupe.

- Un mandat inscrit dans la durée...

Les mauvaises attitudes

Les mauvais gestes et mauvaises attitudes qui entament la légitimité des dirigeants, selon les salariés interrogés par les chercheurs de l'Edhec :

- Nommer des profils et des personnes proches de soi.

- Fixer des objectifs trop élevés.

- Avoir une vision qui se borne à «l'exécution de plans».

- Faire montre de manque de travail et de consistance.

- Hésiter dans la prise de décision.

- Etre visiblement pris entre les intérêts des actionnaires et ceux des salariés.

- Laisser se développer le turnover à la tête des entreprises.

- Etre perçu comme n'ayant pas «tout le pouvoir».

- Les conflits au sein du comité de direction visibles à l'extérieur.

- Un management intermédiaire démotivant/démotivé...

Les mots associés au dirigeant

- Les mots les plus souvent associés à celui de dirigeant, selon les salariés interrogés par l'étude Edhec : leadership, stratégie, décision, responsabilité, vision...

- Les mots les moins souvent associés sont : cohérence, croissance, homme, ouverture...

Articles les plus lus