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Enquête

« En période de crise, il est indispensable de maintenir la mobilisation »

Enquête | L'entretien avec | publié le : 25.08.2009 |

E & C : En vingt ans, la communication interne a acquis un nouveau professionnalisme qui a assis sa légitimité. Mais, malheureusement, l'Afci fête ses 20 ans dans un contexte de crise aiguë et lourde. Pensez-vous toujours que « cette fonction est plus que jamais aujourd'hui au coeur des processus de changement dans les entreprises » ?

V. P. G. : Je le pense d'autant plus qu'en période de crise, il est indispensable d'entretenir la mobilisation et la confiance des salariés et de continuer à dire ce qui nous rassemble.

Il y a également un besoin de pédagogie, d'explication des décisions - souvent difficiles - qui sont prises, et un besoin d'écoute des craintes et des attentes des collaborateurs. En cela, la communication interne peut - et doit - jouer son rôle de conseil auprès des managers pour les aider à communiquer efficacement avec leurs équipes. La crise peut donc représenter une opportunité de réaffirmer la place et le rôle de la communication au coeur des organisations.

E & C : De même, dans les circonstances actuelles, pensez-vous que la com'interne prenne véritablement « ses distances vis-à-vis d'une communication à dominante instrumentale pour promouvoir une communication inscrite au coeur du système organisationnel et social » ?

V. P. G. : A l'Afci, nous défendons la vision d'une communication visant à développer la qualité des relations au sein des entreprises. Et la crise montre que c'est bien cette logique relationnelle qui permet à une organisation de passer ce cap difficile.

L'adhésion des collaborateurs à une stratégie, leur capacité à se l'approprier et à nouer des coopérations pour contribuer à sa mise en oeuvre, sont bien les meilleurs atouts d'une entreprise aujourd'hui. Les communicants internes l'ont bien compris ; les outils ne sont que des instruments au service de l'essentiel : la relation.

E & C : Vous estimez qu'il « paraît clair aux membres de l'Afci qu'ils ne peuvent plus aborder la communication comme un ensemble d'outils et de techniques leur permettant de «faire passer des messages» à des cibles bien séparées. Ils doivent plutôt considérer la communication comme un équilibre relationnel fluctuant, à gérer le plus intelligemment possible. Ce n'est plus alors seulement une affaire de «communicants», mais une mission portée par tous et notamment par les managers ». Mais les résultats de la dernière étude Inergie montrent plutôt un grand désarroi des managers sur cette question, et que certains n'y croient plus. Quelle est votre analyse ?

V. P. G. : Je crois, au contraire, que l'étude que nous avons menée avec l'ANDRH et Inergie montre que le rôle de communicant des managers est de mieux en mieux intégré par eux : 97 % déclarent, ainsi, que la communication fait partie intégrante de leur mission.

Cependant, il est vrai que les managers attendent un renforcement du rôle de conseil de la communication interne auprès d'eux. C'est un des axes de progrès sur lesquels nous travaillons à l'Afci, avec nos adhérents, afin de développer la communication managériale en nous appuyant sur le binôme manager-communicant.

E & C : L'Afci estime que « la performance d'une entreprise est profondément liée à la qualité des relations qui s'établissent en son sein ». Pensez-vous que les exigences financières très élevées et les stratégies «court-termistes» mettent à mal cette logique ? Et, dans le même ordre d'idée, estimez-vous toujours d'actualité de « réconcilier l'entreprise et ses salariés pour permettre l'engagement de chacun » ?

V. P. G. : La communication-relation que défend l'Afci s'inscrit effectivement dans le temps et, par définition, place l'homme au centre de la réflexion. Mais nous ne pouvons ignorer les changements - externes et internes - qui modèlent et remodèlent sans cesse les organisations. Il nous faut les prendre en compte, en expliquer le sens, afin d'aider les collaborateurs à s'y adapter. C'est bien de cet accompagnement dont nous parlons en évoquant une « réconciliation de l'entreprise et des salariés ».

Le communicant interne doit soutenir l'effort permanent d'adaptation que chaque salarié est appelé à faire. L'enjeu, pour lui, est de mettre chaque salarié en capacité de comprendre les processus en cours, de les intégrer et de réinventer un lien social mis à mal par des changements radicaux et profonds.