Comme près de la moitié des salariés de Renault Trucks à Lyon, Emeline Huttin, du service juridique, fait régulièrement appel à la conciergerie de son entreprise, depuis son ouverture en 2008. Ce service est géré en ligne par des téléopérateurs et, surtout, sur le site du constructeur automobile, par un concierge qui assure le relais avec des prestataires extérieurs. Certains salariés lui apportent leur linge pour le pressing, d'autres viennent lui commander un bouquet de fleurs ou se faire aider dans la recherche d'une baby-sitter, par exemple... « Moi, je ne prends qu'un panier bio hebdomadaire, note cette maman de deux enfants, qui quitte son domicile chaque matin à 8 h 30, pour rentrer à 19 heures. Mais c'est idéal pour tous les petits soucis du quotidien. » Depuis mai dernier, les parents employés sur le site lyonnais peuvent également disposer de l'une des 50 places réservées par leur employeur dans une crèche interentreprises à proximité. La crèche et la conciergerie s'inscrivent dans une politique pour le bien-être des salariés, que l'entreprise a engagée en 2005. Elle y consacre un budget de 3,5 millions d'euros par an, qui prend aussi en compte les TMS, les transports et le stress.

« Au départ, certains étaient sceptiques , se rappelle Gérard Amiel, DRH de Renault Trucks. Mais ces services répondent à de vrais besoins. » Depuis son ouverture, la crèche a reçu 150 demandes d'inscription. « Nous avions remarqué une féminisation de notre salariat, en particulier chez les cadres », précise Gérard Amiel. Les femmes représentent un tiers des récents recrutements d'ingénieurs de Renault Trucks.

Sur un site dont les emplois sont à 80 % dans le tertiaire, ces services permettent de compenser l'exigence de disponibilité, notamment pour les cadres. « C'est du gagnant-gagnant, affirme le DRH. Ils doivent s'engager, mais nous les aidons à mieux concilier travail et vie personnelle. » Il reconnaît également que cette offre est un facteur d'attractivité pour les «meilleurs candidats».

Pour la conciergerie, Renault Trucks fait appel au prestataire Bien-être à la carte (Accor Services), à qui il paye un service - essentiellement le salaire d'un concierge. L'entreprise prend également à sa charge les frais fixes du lieu. Le salarié ne paie donc que la prestation, « au même prix, voire moins cher qu'ailleurs », souligne le DRH. S'agissant de la crèche, le constructeur automobile s'est également adressé à une entreprise privée, Tout petit monde, à qui il règle une facture annuelle de 475 000 euros. Mais la CAF reverse à Renault Trucks 140 000 euros. Comme dans toutes les crèches, les parents s'acquittent du prix de la journée et bénéficient d'aides familiales, selon leurs revenus.

La crise a peu perturbé le fonctionnement des «services de bien-être», malgré d'importantes mesures de chômage partiel. En revanche, elle a entraîné la suspension d'un troisième grand projet de services aux salariés de Renault Trucks : la construction d'un gymnase sur le site lyonnais. « Impossible d'investir 3 millions d'euros en ce moment, explique Gérard Amiel. Mais le gymnase reste en projet. Une enquête avait révélé que 1 600 salariés du site étaient intéressés. »