logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

L'entreprise s'occupe de tout

Enquête | publié le : 15.07.2009 |

Image

L'entreprise s'occupe de tout

Crédit photo

Afin de susciter l'engagement de leurs salariés, des entreprises mettent en place des politiques de conciliation entre le travail et la vie privée. L'efficacité de tels dispositifs dépend d'un engagement réciproque de la part des entreprises.

Conciergeries, crèches, travail à domicile, aides au logement, aides à la parentalité, et même lutte contre les violences conjugales... Les dispositifs mis en place par les entreprises pour aider les salariés à mieux concilier leur travail et leur vie personnelle se sont multipliés ces dernières années. Avec le recul, les salons zen, salles de jeux et autres événements festifs des start-up des années 1990 font figure de gadgets.

Dispositifs de conciliation

Quoi de commun, en effet, entre ces outils de management et les dépenses consenties par Renault Trucks pour sa crèche (475 000 euros par an), la cohérence de l'accord «Equilibre» d'Alstom Transport, l'ambition sociale de PSA lorsqu'il s'implique contre les violences conjugales, ou celle du Fastt (Fonds d'action sociale du travail temporaire) de créer un statut social de l'intérimaire ?

La finalité de ces dispositifs de conciliation vie privée/vie professionnelle - «work-life programs» disent les Anglo-Saxons - reste la même : augmenter la productivité. Les employeurs font, en effet, le pari que celle-ci peut progresser s'ils réduisent les conflits de priorité entre les temps de vie de leurs salariés.

Vieilles pratiques

« Les salariés doivent s'engager, mais nous les aidons à mieux concilier travail et vie personnelle », explique, ainsi, le DRH de Renault Trucks (lire p. 27). Ce n'est pas la première fois, ni même la deuxième, que les entreprises font ce pari. En admettant que toute l'histoire de l'entreprise se lise comme une recherche constante de gains de productivité, les prestations sociales des comités d'entreprise remplissaient déjà cette fonction de conciliation dans les années 1950, de même qu'auparavant, les pratiques paternalistes de certains patrons.

Réponse à la crise managériale

Mais, depuis les années 2000, beaucoup de choses ont changé. Pour Jean-Marc Le Gall, conseil en stratégies sociales, les «work-life programs» actuels poursuivent une ambition : ils seraient une réponse des entreprises à la triple crise managériale, d'image et de conditions de travail à laquelle elles sont confrontées (lire p.31).

Rapport d'empathie

Le contexte, également, a changé. Dans les années 1990, les start-up entretenaient savamment la confusion entre les sphère professionnelle et privée afin de créer un rapport d'empathie entre le salarié et son entreprise. Une telle confusion est plus difficile à admettre aujourd'hui. De fait, les dispositifs actuels de conciliation vie privée/vie professionnelle reconnaissent la frontière entre l'une et l'autre, même si les outils de travail nomade et à domicile créent des «zones aveugles», au statut mal défini, ainsi que le remarquait une récente étude consacrée à l'impact des TIC sur l'organisation du travail (lire Entreprise & Carrières n° 962). D'autre part, l'Etat a fortement poussé les entreprises à s'investir dans ce domaine en développant les services à la personne, le Cesu - pour solvabiliser la demande -, ainsi que les crèches d'entreprise. Enfin, l'implication des entreprises au-delà de leur champ habituel correspond également à une exigence de responsabilité sociale de plus en plus forte dans la société.

Attentes des salariés

Des DRH qui ont mis en place ces politiques soulignent, de leur côté, qu'elles répondent aux attentes des jeunes salarié(e)s, qui ne veulent plus devoir arbitrer entre leur carrière et leur vie de parent, mais aussi à celles de salariés plus âgés dont les parents nécessitent de l'attention, ou encore à celles de salariés qui souhaitent vivre un engagement en dehors de l'entreprise. Pour eux, les mesures de conciliation sont d'abord des outils de fidélisation et d'attractivité.

Contrat de coopération

Ces «work-life programs» seront-ils une base pour une nouvelle relation entre l'entreprise et le salarié ? Un « contrat de coopération », ainsi que le nomme Jean-Marc Le Gall, enterrera-t-il le vieux «compromis fordiste» où l'entreprise achète de la productivité contre du salaire, sans trop se soucier des conditions de travail ? Peut-être, répond ce dernier, à condition que ces dispositifs ne sombrent pas dans le marketing RH, et qu'à l'engagement exigé des salariés réponde un engagement tout aussi fort de l'entreprise. Vaste programme.

L'essentiel

1 La conciliation entre vie professionnelle et vie privée s'impose comme un thème majeur pour les salariés (recherche d'un meilleur équilibre), pour les entreprises (gains de productivité), pour les pouvoirs publics (emploi)...

2 C'est pour répondre à ces attentes que les entreprises ont mis en place certains services et droits nouveaux.

3 Prémices d'un nouveau contrat social entre le salarié et l'entreprise ? A condition de ne pas faire l'économie d'une réflexion en profondeur sur le sens de cette relation.