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Les pratiques

Pologne Les exigences des syndicats montent d'un cran

Les pratiques | publié le : 07.07.2009 |

Alors que les licenciements se multiplient, les syndicats estiment que le pacte social signé avec le gouvernement, en mars dernier, manque de garanties. Ils revendiquent une harmonisation sociale européenne.

Fin 2009 - conséquence de la crise -, 700 000 Polonais auront perdu leur emploi. Le taux de chômage devrait alors atteindre 13 %. Dans certaines petites villes du Nord-Est et de l'Est, régions les moins développées et les plus pauvres du pays, un habitant sur trois est aujourd'hui sans emploi. Et les grandes sociétés étrangères implantées dans le pays n'échappent pas à la vague de licenciements... Le montant et la durée des allocations de chômage ne font qu'aggraver la précarité de ces habitants. Pour y avoir droit, un salarié doit avoir travaillé 365 jours pendant les dix-huit derniers mois, avoir été licencié, avoir payé toutes ses cotisations sociales et être inscrit dans un Bureau de l'emploi. L'allocation n'est pas basée sur le salaire de référence du bénéficiaire, mais sur le salaire minimum et sur le salaire moyen.

Une allocation de 128 à 134 euros

Selon son ancienneté, un chômeur célibataire reçoit une allocation mensuelle de 552 à 579 zlotys, soit l'équivalent de 128 à 134 euros, ce qui représente 18,7 % du salaire moyen, ou 48 % du salaire minimum. Avec plus de vingt ans d'ancienneté, il perçoit 148 euros. Et, selon les cas, le demandeur d'emploi va percevoir cette allocation entre six mois et dix-huit mois.

En Pologne, les plans sociaux sont rares. Ils restent davantage théoriques que réels. Pourtant, un dispositif de «pacte social» a été créé par le gouvernement à l'échelon national : en mars dernier, patronat et syndicats ont signé un accord applicable dans les sociétés privées en bonnes conditions économiques, mais touchées par les ralentissements d'activité. Son but est d'éviter les licenciements collectifs, en combinant flexibilité des horaires et formation*. Mais les exigences des syndicats viennent de monter d'un cran. Le président de Solidarité estime, ainsi, que cet accord manque de garanties : « Le patronat veut à présent élargir la flexibilité du travail à toutes les entreprises, affirme Janusz Sniadek. A nos yeux, c'est une tentative qui vise à déréguler le Code du travail. »

Depuis quinze ans, les grandes sociétés étrangères implantées en Pologne (Michelin, Carrefour, EDF, Coca-Cola, Dell, Toshiba...) ont apporté un certain nombre d'avancées sociales : niveau des salaires, comité d'entreprise européen, droits syndicaux, relations sociales dans l'entreprise. Ces initiatives ont créé des besoins. L'apparition des DRH au sein de ces sociétés y a d'ailleurs contribué.

Harmonisation inévitable

Aujourd'hui, les syndicats polonais estiment qu'il sera nécessaire, tôt ou tard, d'harmoniser - puis d'aligner - les niveaux des avantages sociaux entre tous les pays de l'Union européenne. Entre autres, le salaire minimum, les allocations de chômage et les droits syndicaux. « Au moment où les frontières n'existent plus et où les salariés sont de plus en plus nombreux à se déplacer au sein de l'Europe, l'harmonisation va devenir inévitable, sur le plan pratique comme sur le plan du droit », constate Barbara Surdykowska, expert juridique de Solidarité. Cela pourrait prendre des années, mais, côté syndicats, les prémices se manifestent déjà.

* Lire Entreprise et Carrières n° 949, du 7 avril 2009.

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