Dès la chute des commandes, en décembre 2008, Eric Vergne, directeur général de Maagtechnic, à Vaulx-en-Velin (Rhône), a préféré au chômage partiel un plan de formation ambitieux : 300 000 euros de budget global pour une masse salariale de 2,7 millions d'euros, soit un rapport de 11 %.

Pour le financer, ce fabricant de joints et de tuyaux s'est tourné vers l'Opca de la branche du caoutchouc, l'Agefos-PME. « Environ 90 % du personnel est en période de professionnalisation, explique la DRH, Laurence Petit. L'Opca nous verse un forfait horaire - négocié au niveau de la branche -, consacré, pour partie, aux coûts pédagogiques, pour partie aux salaires. » Le reste est financé en DIF (15 heures par personne) et sur le plan de formation.

Le plan a été monté avec le prestataire lyonnais Nouvel Angle et concerne l'ensemble des salariés. Pour la première formation (deux jours en janvier), intitulée «Mieux travailler en équipe», les 110 salariés ont été répartis en groupes pour suivre la méthode «Success Insights», qui distingue les différents types de personnalités et leurs besoins relationnels. « Elle a apporté, selon Eric Vergne, qui a également participé, un meilleur niveau de tolérance, une écoute mutuelle. » Deux journées par personne (en DIF), en avril et mai, ont également concerné le développement personnel et la communication.

« Pour le reste, explique la DRH, nous fonctionnons en cursus par métier. » Les technico-commerciaux suivent des modules sur la vente. Les chefs d'équipe, puis tout le service logistique, ont découvert la méthode japonaise «5 S» d'organisation de l'espace de travail ; les chefs et employés de la fabrication aussi, et ils ont bénéficié, en plus, d'un jour intitulé «Etre orienté client». « Si chacun prend conscience qu'il contribue à la réponse au client, il prend plus de plaisir au travail et devient force de proposition », assure Eric Vergne. Ce dernier fait un point mensuel avec Nouvel Angle pour des adaptations éventuelles : « Nous avons reporté à juillet une formation au sens et au projet d'entreprise, destinée à tous les niveaux de management, car il apparaissait nécessaire de leur laisser le temps de réfléchir aux «5 S». »

Fin mai, 6 324 heures avaient déjà été suivies. La tâche la plus complexe incombe à Laurence Petit : élaborer les plannings. « Quand la moitié d'une équipe est en formation, il faut tout de même produire, rappelle-t-elle. Heureusement, tous les modules se déroulent en interne. Si un salarié est mobilisé à son poste au dernier moment, il peut toujours intégrer, ensuite, un autre groupe. En 2009, 10 % du temps de chacun est, ainsi, consacré à la formation. Ajoutée à des congés imposés, cette mesure permet de maintenir un rythme d'activité, en vue de faciliter la reprise. »

Pour Eric Vergne, ce vaste plan de formation, « largement centré sur l'écoute », doit aussi être « le ciment » d'une réorganisation/simplification du travail : « Des assistants commerciaux viennent, par exemple, renforcer la fonction commerciale sur le terrain. Cela modifie les usages et fait davantage appel à l'autonomie. » Aussi, pour « maintenir la dynamique créée et ancrer les acquis dans la durée », le directeur de Maagtechnic envisage de poursuivre les formations en 2010, selon un rythme allégé.