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Les pratiques

La MNH a chassé le tabac de l'hôpital

Les pratiques | Retour sur... | publié le : 07.07.2009 |

Depuis vingt ans, la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH) consacre un budget très important à la prévention du risque tabac dans les hôpitaux. Elle est à l'origine de la création du Réseau hôpital sans tabac, qui élargit, aujourd'hui, sa mission à la prévention de toutes les addictions.

Première mutuelle française du secteur de la santé, la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH) couvre 1 200 000 personnes, tous salariés d'établissements de santé publics et privés. La promotion de la santé et la prévention des comportements à risque font partie de ses missions historiques. « Nous faisons de la prévention depuis vingt ans car nous considérons que les professionnels de la santé ont un rôle d'exemplarité », indique Christophe Doucet, responsable prévention à la MNH. La mutuelle s'appuie sur plus de 100 délégués à la promotion de la santé, présents dans toute la France, qui relaient, à leur niveau, les initiatives nationales ou apportent le soutien de la mutuelle aux actions locales.

Promouvoir une culture d'addictologie

Au premier rang des actions de prévention : la lutte contre le tabagisme. Les hospitaliers fument autant que le reste de la population, mais l'impact sur les visiteurs et les patients est négatif. La MNH a donc créé, en 1996, avec l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), le Réseau hôpital sans tabac (RHST). Objectif : fédérer les établissements de santé autour de la prévention du tabagisme et promouvoir une culture d'addictologie à l'hôpital.

La mutuelle assure une part essentielle de son financement sous la forme d'une subvention annuelle : elle affecte environ 8 % de son budget prévention au réseau, soit 60 000 euros. Les autres ressources proviennent des cotisations des établissements de santé (900 adhérents aujourd'hui).

Un réseau de correspondants

Le réseau fonctionne avec des correspondants locaux - tabacologues, addictologues, cadres de santé, etc. -, qui mènent des actions de sensibilisation dans leur établissement. Un prix Hôpital sans tabac, financé également par la MNH, a récompensé les meilleures actions jusqu'en 2008. RHST propose aussi des audits et des formations (250 sessions menées depuis 2004), organise des conférences et manifestations, met du matériel à disposition des hôpitaux (documentation, signalétique, produits substitutifs...) ; 70 % des établissements adhérents proposent, ainsi, gratuitement, des substituts nicotiniques.

Enfin, le réseau a été un acteur majeur du lobbying qui a conduit à l'adoption de la loi sur l'interdiction de fumer dans les lieux publics. « 95 % des cancers du poumon sont dus au tabac. Prévenir ces pathologies sera générateur d'économies sur les frais de santé », observe Christophe Doucet. L'économie va même au-delà. « La prévention du tabagisme des soignants a un impact direct sur l'activité du personnel. Un soignant fumeur sera, peut-être, davantage bienveillant à l'égard d'un patient qui fume, alors que l'on sait que le tabagisme augmente le temps de cicatrisation après une opération et multiplie par 5 à 8 le risque nosocomial », explique Nicolas Bonnet, directeur scientifique de RHST.

Prise en charge globale

Depuis un an, le réseau a décidé de prendre en charge la prévention des addictions de façon globale. « Nous nous sommes aperçus qu'il pouvait y avoir transfert d'une addiction vers une autre », indique Nicolas Bonnet. Alcool, abus de psychotropes : sur ces addictions plus taboues, le RHST préconise un travail en partenariat avec le DRH, le CHSCT, le médecin du travail pour proposer l'accès le plus large aux dispositifs de prévention (éthylotest, autoévaluation) et aux filières de soins, sans stigmatiser le personnel.