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Sécuriser les transports de colis... et les transporteurs

Enquête | publié le : 30.06.2009 |

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Sécuriser les transports de colis... et les transporteurs

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Chez le spécialiste français de la livraison express, la sécurisation du fret est un impératif, non seulement pour ses clients, mais aussi pour ses salariés.

Partout dans le monde, Chronopost transporte, chaque jour, 240 000 plis et colis, autant de cibles potentielles pour les malfaiteurs. « Nous transportons le chiffre d'affaires de nos clients. Pour certaines entreprises, notre activité est vitale. Mais nous subissons des actes de malveillance allant du vol ponctuel de téléphones portables jusqu'à des actes de grand banditisme. Nous devons donc prendre des mesures de protection, souligne Bernard Lemaire, DRH de Chronopost. Il peut arriver que nos chauffeurs soient forcés de descendre de leur camion et d'abandonner une cargaison entière. »

Zones aéroportuaires

Par ailleurs, les activités internationales de l'entreprise la font intervenir dans des zones aéroportuaires, où travaillent environ 500 salariés. La biométrie y est utilisée depuis très longtemps pour valider les entrées et les sorties dans les zones réservées. Les salariés sont alors soumis aux contrôles de la gendarmerie. Leurs empreintes digitales sont enregistrées et un badge leur est délivré par les autorités aéroportuaires.

Protection des salariés

En outre, depuis 2005, des systèmes de géolocalisation et de vidéosurveillance ont été introduits. « Nous avons exposé nos motivations au comité d'entreprise et fait évoluer notre règlement intérieur en insérant une clause spécifiant que ces techniques seraient utilisées pour prévenir des actes malveillants et protéger les salariés », rappelle Bernard Lemaire. La formalisation des déclarations à la Cnil a été réalisée par la direction juridique.

S'agissant de la géolocalisation, Chronopost dispose de 300 balises fixes qui équipent des Swap, dans le jargon interne, c'est-à-dire les remorques servant aux liaisons entre les sites, et de 4 500 PSM, postes de saisie mobile, outils de «tracking» qui permettent de suivre le parcours des colis. « Il y a deux ans, nous avons voulu introduire des balises mobiles. Elles pouvaient être placées n'importe où et un tel système n'était pas mentionné dans nos dispositifs de sûreté », reconnaît le DRH. Une faille qui n'a pas échappé à la CGT. Ces balises étaient « destinées à être cachées sous un véhicule à l'insu du chauffeur pour le filer », écrit le syndicat dans un tract du 19 mars dernier. Depuis, « des consignes d'utilisation de ces balises ont été diffusées à l'ensemble des personnels de la sûreté », indique Bernard Lemaire. Toute utilisation en dehors de la traçabilité des colis sera sanctionnée sévèrement. Autrement dit, de tels agissements pourraient valoir à son auteur d'être mis à la porte.

Vidéosurveillance

Il n'y a pas que la géolocalisation qui pose problème à la CGT. « Les caméras sont parfois détournées de leur objectif », estime Richard Giraud, délégué syndical central CGT ; 2 500 dispositifs de vidéo surveillance sont, aujourd'hui, implantés dans l'ensemble des 76 sites et 6 hubs, pour réaliser un «tracking» des colis dès qu'ils sont déposés dans une agence. Une fois le code-barres scanné, la vidéo suit le cheminement du colis jusqu'à sa sortie. « Les syndicats sont dans leur rôle quand ils nous disent de ne pas utiliser les vidéos pour surveiller un salarié, avance Bernard Lemaire. Lorsque l'on constate des taux d'évaporation plus élevés dans un site que dans un autre, et qu'un salarié a un comportement anormal à son poste de travail, il semble logique que nous souhaitions nous servir de ces supports. De plus, il est de notre devoir, en cas de malveillance pure, de mettre en place des procédures disciplinaires. »

Des syndicats dubitatifs

« Si l'employeur surprend un salarié qui vole, il ne peut visionner le film qu'avec un délégué du personnel et un représentant de la direction de la sûreté. C'est rarement fait », constate, pour sa part, Bruno Klein, délégué central CFDT.

Sur le hub de Chilly-Mazarin (Essonne), la CGT a dénoncé l'utilisation d'enregistrements vidéo « pour voir qui dépose des tracts appelant les sous-traitants à se mettre en grève ». Réponse de Bernard Lemaire : « Les personnes en question avaient franchi un dispositif de sûreté en commettant une infraction pour effectuer la distribution de tracts. »

Au-delà des polémiques, les résultats sont là : 7 millions d'euros par an ont été investis sur l'ensemble des dispositifs de sûreté, personnels et matériels compris. « Nous avons constaté, entre 2007 et 2008, une baisse significative de 30 % du taux d'évaporation, annonce le DRH. Et, en 2009, nous sommes partis sur le même rythme. Certaines entreprises ont reconduit leurs contrats car nous leur offrions de tels dispositifs sécurisés. » Un argument de poids.

CHRONOPOST

• Activité : livraison express de colis jusqu'à 30 kg.

• Effectifs : 3 500 salariés.

• Chiffre d'affaires 2008 : 637 millions d'euros.