E & C : Vous venez de remettre à François Fillon le rapport «Bouger pour l'emploi». En quoi, selon vous, les obstacles liés à la mobilité géographique et professionnelle rigidifient-ils notre marché du travail ?

C. G. : Aujourd'hui, la mobilité professionnelle est jugée nécessaire, mais elle s'applique peu. Les freins sont d'ordres psychologique, familiale et financier. Jusqu'ici, quelqu'un qui bougeait était considéré comme instable. Il y a également la peur de l'inconnu, d'un nouveau territoire, à ne pas sous-estimer. Par ailleurs, sur le plan de la famille, ce n'est pas simple, en particulier pour les familles recomposées. Le logement est aussi un souci important. Le dernier frein touche aux frais engendrés lors d'un déménagement, alors que des aides existent. Pourtant, l'enjeu n'est pas mince quant au taux d'emploi et à l'équilibre entre les territoires. Car, s'inscrire dans des logiques de mobilité géographique professionnelle, c'est vouloir anticiper sur les besoins de main-d'oeuvre afin de maintenir et de développer les activités des territoires.

E & C : Justement, le gouvernement table sur le retour du plein emploi en 2012. Quelles sont, dans ce contexte, vos propositions pour améliorer l'adéquation et l'intermédiation entre l'offre et la demande de travail ?

C. G. : Mon rapport met en avant 27 propositions. Je préconise, par exemple, la mise en place d'un «bilan mobilité», définissant, pour chaque salarié, le champ des possibles. Je propose également des aides financières : prêt à taux zéro accessible aux salariés en situation de mobilité, déduction du revenu imposable des frais engagés pour une prestation de relocation, ou transférabilité des prêts immobiliers entre les biens d'un même emprunteur, comme cela se fait au Canada. Enfin, un guide de la mobilité recensant l'ensemble des aides disponibles ainsi que les bonnes pratiques devrait être bientôt disponible, à la fois sur papier et sur Internet.