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Suivi in situ et de visu

Enquête | publié le : 23.06.2009 |

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Suivi in situ et de visu

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Le respect des conditions sociales de la mobilité transnationale entre la Turquie et la France, prévues dans l'accord sur les droits fondamentaux au Club Med, a fait l'objet de contrôles annuels, sur le terrain, par le secrétaire du comité européen.

Pour faire la cuisine ou le ménage dans ses villages alpins, en hiver, le Club Med engagent souvent des gentils membres (GE) d'origine turque. Cette saison complète celle qu'ils effectuent au Club en Turquie pendant l'été. L'opérateur de tourisme a souhaité encadrer ces mobilités saisonnières, qui font l'objet d'un chapitre de l'accord-cadre sur les droits fondamentaux signé par l'entreprise. « En 2003, alors que nous constations le raccourcissement de la saison d'été, la question de permettre la mobilité transnationale des GE entre des villages d'été, autour de la Méditerranée, et ceux d'hiver à la montagne, a été posée lors du Comité européen de dialogue social (CEDS), à Henri Giscard d'Estaing, président du Club Med », se rappelle Christian Juyaux, secrétaire du CEDS, de la CFDT. La réponse a été formalisée dans un accord plus large relatif au respect des droits fondamentaux au travail, signé par la direction et l'Effat/Uita*.

Ce chapitre a donc eu pour objet de faire venir le personnel de service dans des conditions d'emploi conformes au droit social du pays d'accueil. Contrairement à d'autres opérateurs, rappelle le syndicaliste, qui ne se sont pas privés d'employer des saisonniers aux conditions de leur pays d'origine (Royaume-Uni ou Pologne, notamment) pour réaliser un dumping sur les charges sociales, en abusant de la directive européenne sur les détachements temporaires de travailleurs.

Conditions de vie

Christian Juyaux, mandaté par l'Effat et l'Uita, a pris le chemin des stations de sport d'hiver, à chaque saison, pour vérifier les conditions de vie et de travail des GE turcs, présents de décembre à avril. Pour ce projet pilote, il était alors systématiquement accompagné d'un interprète et, quatre fois sur cinq, du DRH France. Entre 2004 et 2008, ils ont fait le tour, pendant une semaine, des 11 villages où travaillaient entre 100 et 120 salariés migrants.

« Lors de ces rencontres, chacun se présentait : emploi, ancienneté, nombre de visites en France... Puis, nous débattions. Comment se déroule votre saison ? Quelles améliorations attendez-vous ? Le tout dans leur langue maternelle. » La présence du DRH, du chef de village et de son gestionnaire du personnel permettait souvent de résoudre immédiatement certains problèmes comme, par exemple, l'accès à la télévision en langue turque ou le transfert des paies vers une banque de leur pays.

Compte rendu

Les questions et préconisations plus délicates prenaient place dans le compte rendu rédigé par Christian Juyaux à l'issue de chaque visite et présenté en assemblée plénière du CEDS en juin. Ainsi, dans le dernier rapport de 2008, il demandait la prise en charge des enfants des GE par les caisses d'allocations familiales, le défraiement du transport entre le village d'origine et l'aéroport d'Istanbul, des informations sur les acomptes, la possibilité de repas turcs, l'accès à des cours de français...

Malgré les difficultés de compréhension liées aux différences culturelles et la disponibilité qu'exige ce genre de pratiques, le bilan est largement positif selon le cédétiste, notamment en matière de professionnalisation des saisonniers dans les métiers du Club Med.

Elargissement du CEDS

Dans le nouvel accord, signé il y a quelques semaines (lire Entreprise & Carrières n° 954), les droits fondamentaux au travail sont élargis à l'ensemble des salariés des villages dans le monde et la mobilité transnationale des GE est considérée entre les établissements des zones Europe et Afrique. Comme pour l'expérience précédente, l'accord prévoit la visite sur place d'un représentant de l'Effat-Uita, dans la limite de trois jours de visites par saison. « Avant toute chose, nous devons envisager l'élargissement du CEDS à la zone Europe Afrique pour permettre aux représentants des salariés des différents pays d'être représentés dans cette instance de concertation transnationale. A défaut, le représentant de l'Effat-Uita devra coordonner l'information et les relations avec les syndicats des pays concernés par cet accord », précise-t-il. L'accord couvre entre 400 et 500 travailleurs migrants.

* Fédération européenne des syndicats des secteurs de l'alimentation, de l'agriculture, du tourisme et des branches connexes - Union internationale des travailleurs de l'alimentation, de l'agriculture et de l'hôtellerie-restauration.

CLUB MÉDITERRANÉE

Activité : exploitant de villages de vacances.

Effectifs : environ 20 000 salariés saisonniers.

Chiffre d'affaires 2008 : 1,494 milliard d'euros.

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