logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

« Les audits ne sont efficaces que s'ils sont suivis de mesures de mise en conformité »

Enquête | L'entretien avec | publié le : 23.06.2009 |

Image

« Les audits ne sont efficaces que s'ils sont suivis de mesures de mise en conformité »

Crédit photo

E & C : Les audits RSE des fournisseurs sont parfois critiqués pour leur insuffisance à détecter les violations de certains droits humains. Permettent-ils aux donneurs d'ordres d'évaluer précisément leurs fournisseurs ?

C. C. : Un audit de fournisseur dure de un à quatre jours et un tiers du temps est consacré à des entretiens avec des employés en l'absence du management. Les non-conformités sont certes plus faciles à établir sur des questions d'hygiène et sécurité que sur celles des droits humains, comme la liberté d'association par exemple. Néanmoins, les auditeurs se rendent vite compte si les employés ont été «coachés» avant l'inspection. Et s'ils ne parviennent pas à appréhender une petite partie d'éventuels problèmes, ces audits répertorient, généralement, un grand nombre de non-conformités.

Au-delà de la méthodologie de l'audit, la limite tient plutôt dans l'usage que le donneur d'ordres fait des résultats. Si les actions correctives sont ensuite inexistantes ou insuffisantes, l'audit suivant rapportera les mêmes problèmes. D'autre part, il ne faut pas oublier qu'un audit implique le donneur d'ordres : il représente un élément matériel pouvant attester, par la suite, qu'il était averti d'un problème chez son fournisseur.

E & C : Comment éviter les fraudes et la préparation des salariés ?

C. C. : Il faut conserver à l'esprit que les audits se réalisent dans le cadre d'une relation commerciale qui ne peut reposer sur la défiance. Nous sommes parfois amenés à conseiller à nos clients des audits semi-annoncés, réalisés dans une fenêtre de 15 jours à un mois : c'est un dispositif intermédiaire entre les audits annoncés, que des fournisseurs peuvent préparer, et des audits impromptus, parfois difficiles à imposer dans le cadre des bonnes relations entre le donneur d'ordres et son fournisseur. Si un premier contrôle n'est pas bon, il peut, ensuite, justifier un audit non annoncé. Dans ce cas, il est plus difficile pour l'employeur de tenir certains salariés à l'écart.

E & C : Quelles sont les non-conformités les plus difficiles à traiter ?

C. C. : Certaines mises en conformité sont immédiates, sur la sécurité par exemple. D'autres débouchent sur des décisions stratégiques pour le fournisseur : la mise en conformité sur les heures de travail peut, par exemple, se traduire par du recrutement, l'acquisition de matériel, la construction de nouveaux dortoirs, autant d'actions onéreuses à mettre en oeuvre.

E & C : Les fournisseurs audités se plaignent de la multiplicité des contrôles et des codes qu'ils doivent respecter. Qu'en pensez-vous ?

C. C. : Les référentiels sont, en effet, le plus souvent propres aux entreprises qui commandent l'audit. Mais ils se ressemblent beaucoup : tous sont établis en grande partie sur le respect des conventions de l'OIT et proches de la norme SA 8000. Par ailleurs, les référentiels communs se sont multipliés, par exemple l'ICS pour les distributeurs français, l'Ethical Trade Initiative (ETI) et d'autres référentiels de secteur dans l'industrie du jouet ou l'électronique, par exemple.

Mais les audits se multiplient dans de nouveaux secteurs, soit pour des produits en propre, soit pour des objets promotionnels. Il ne s'agit plus seulement du textile et des équipements de sport. La cosmétique, la pharmacie, l'automobile, la téléphonie mobile... sont concernées.