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Enquête

Le chaînon manquant de la relation avec les fournisseurs ?

Enquête | publié le : 23.06.2009 |

Après dix ans d'existence, la Fair Labor Association (FLA) apparaît comme une des initiatives communes les plus concrètes pour améliorer les conditions de travail dans les sweatshops du monde. Les grandes marques du sport et du textile y adhèrent et s'engagent à voir leurs fournisseurs audités, mais aussi à les accompagner par la suite.

Adidas, Asics, H & M, Nike, Patagonia, Puma, Russel, Umbro... : parmi les plus grands équipementiers du sport, il n'en manque guère dans la liste des affiliés de la Fair Labor Association (FLA). A cette vingtaine de grandes marques s'ajoutent 192 universités américaines - soucieuses de se fournir en produits promotionnels «responsables»- ainsi que des grands fournisseurs situés notamment en Asie. Après dix ans d'existence, cette association, basée à Washington, dont la création a été encouragée par Bill Clinton, alors président des Etats-Unis, est devenue un acteur incontournable et original du contrôle de la RSE dans le monde.

Cotisation modeste

Le risque de réputation, et la nécessité d'améliorer les conditions de travail des salariés du Sud qui en découle, expliquent pourquoi ces marques internationales acceptent de verser à cette organisation à but non lucratif une cotisation modeste, égale à 0,0184 % de leur chiffre d'affaires annuel, mais, surtout, de s'exposer ensuite aux résultats des audits indépendants que mène ou fait mener l'association chez leurs founisseurs, pour vérifier leur conformité à un code de conduite fondé sur les principes de l'OIT. Cent-cinquante inspections sont réalisées chaque année, soit par des cabinets d'audit comme KPMG ou Pricewaterhouse, mandatés par l'association, soit par des organisations locales, comme Global Standards au Vietnam ou Coverco en Amérique centrale.

Le résultat des audits rendus publics

« Au niveau global, le nombre moyen des violations par audit est de 17 à 18, un peu plus en Asie du Sud-Est, indique Auret Van Herdeen, président de FLA. Les non-conformités sur les heures de travail et les heures supplémentaires, et celles sur la sécurité sont les plus fréquentes. » Pour les entreprises adhérentes, l'épreuve ne s'arrête pas là : non seulement la règle de FLA est de rendre publics les résultats des audits, mais les affiliés s'engagent aussi à accompagner le fournisseur vers la conformité. « Nous jouons, dès lors, un rôle de médiateur entre le fournisseur et l'acheteur, précise Auret Van Herdeen. Nous nous accordons sur un plan d'amélioration qui doit être proposé sous 60 jours après la remise des résultats d'un audit non conforme. Le donneur d'ordres est, ensuite, tenu de nous fournir les résultats documentés du plan d'amélioration. » Recherchant une plus grande efficacité dans sa chasse aux sweatshops, l'association a récemment fait évoluer son approche avec un dispositif «FLA 3.0», qui réalloue une partie des ressources dédiées au contrôle vers l'analyse des problèmes et la remédiation. « Les audits restent un vecteur clé pour l'amélioration, mais la liste des problèmes est maintenant connue, nous avons beaucoup d'informations sur les conditions de travail », justifie Auret Van Herdeen.

Formations destinées aux fournisseurs

L'association développe donc, de plus en plus, des programmes de formation destinés aux fournisseurs, par exemple sur la capacité à gérer les problèmes liés à la rémunération ou à la liberté d'association. Elle a mis en place des ressources techniques permettant l'autoévaluation par les fournisseurs. Une trentaine de grands fournisseurs essaient, en ce moment, FLA 3.0 : ils réalisent leur autoévaluation, commandent des formations, parfois subventionnées par les entreprises clientes, et « se sentent moins jugés que par des audits renouvelés ».

Au-delà des audits, et si l'augmentation de la facture fournisseurs pour les grands groupes reste taboue à l'heure où les consommateurs occidentaux réclament toujours des prix plus faibles, c'est par la remédiation, la formation et l'amélioration de l'organisation que FLA cherche à faire progresser les conditions de travail dans les usines du Sud.

C'est aussi l'ambition de l'organisation française des Amis de FLA, qui vient de voir le jour, animée par des auditeurs sociaux, des universitaires, des spécialistes des RH. A eux de convaincre les multinationales d'origine hexagonale du bien-fondé de cette initiative anglo-saxone.